"Conrad est le premier seigneur de Horbourg à apparaître dans les écrits en 1123. Il fut élevé à la dignité de comte de Witkisau deux ans plus tard.
Les seigneurs de Horbourg étaient investis du droit de justice sur des terres impériales ce qui explique leur élévation. En 1133 un certain Walter est cité comme comte de Horbourg. En 1162 Frédéric Barberousse revient d'Italie après avoir pris Milan et chassé le pape Alexandre III. Dès son retour, le comte Hugo IX de Dabo-Eguisheim, qui l'avait accompagné dans cette croisade, entra en conflit avec son ennemi le comte de Horbourg et détruisit son château.
En 1180 Henri de Horbourg devient évêque de Bâle et en 1178 le comte Conrad II de Horbourg va livrer la bataille de Logelheim contre Egenolf d'Urslingen le comte de Rappolstein (Ribeaupierre). Ses fils Walter II et Conrad III vendirent en 1222 les droits détenus sur le château et la ville de Kaysersberg à Henri, fils de Frédéric II de Hohenstaufen. Ils avaient eux-même deux fils qui portèrent le même prénom (Walter III et Conrad IV). Un autre fils de Conrad II, Bertold, devint chanoine d'abord à Lautenbach puis à Strasbourg, Bâle et Colmar.
En 1247, le pape Innocent IV accorda plusieurs avantages au fils de Conrad pour services rendus à l'église catholique par les comtes de Horbourg. En 1253 Walter III céda à l'abbé de Murbach Thiébaut le baillage de Saint-Amarin qu'il tenait en fief du landgrave d'Alsace Rodolphe de Habsbourg pour 80 marcs argent. Cette vente fut annulée car en 1256 des chevaliers de Saint-Amarin obtinrent le bien en sous-fief. Et en 1260 Walter Simon rendit ces terres à Rodolphe de Habbourg.
En 1259 éclata un drame familial car le « vertueux » seigneur Walter de Horbourg, c'est ainsi qu'il est nommé dans la Chronique des Dominicains de Colmar, fut assassiné traitreusement par son cousin Conrad IV, avec l'aide des deux fils de ce dernier Henri et Albert, le jour de la Saint-Jacques, pendant les moissons. Malgré la médiation du seigneur de Rappolstein aucun compromis ne put être trouvé pour résoudre le différend familial. L'assassin, pour obtenir le pardon, fit un don à la commanderie Saint-Jean de Colmar de biens possédés à Bergheim. La femme de Walter était une sœur du comte Simon de Géroldseck et celle de Conrad était une sœur du comte de Ferrette. La maison ducale de Lorraine reprit les fiefs qu'elle avait attribués à l'assassin. Ce dernier était contraint de fuir avec ses fils et ce n'est qu'en 1278 qu'il réapparaît en Alsace après s'être réconcilié avec les agnats.
Le malheureux Walter avait favorisé la construction de Zellenberg qui doit son nom à l'ancienne cellule d'un ermite. C'est là que s'installlèrent les habitants du village disparu d'Altheim. Il dota le village d'une enceinte fortifiée pour lui éviter le sort qu'avait connu Altheim. Il plaça le village sous la protection de l'évêque de Strasbourg qui le lui rétrocéda en fief sous la condition que les portes de la cité lui resteraient toujours ouvertes.
Walter III avait deux fils : Walter Simon et Bourcart. A la mort de Bourcart le seigneur de Rappolstein prit les possessions en fief pour le compte de l'enfant de la sœur de Bourcart. Mais le bailli de Rouffach (Obermundat) fit le siège et s'empara de la cité.
A la fin du 14ème siècle l'évêché de Strasbourg donna Zellenberg et Bennwihr en fief aux Rappolstein. En 1388 l'évêque Frédéric confirma les droits des bourgeois de Zellenberg et leur donna l'autorisation de consolider les remparts et les tours.
En l'an 1269 Rodolphe de Habsourg porte-étendard des troupes de Strabourg, aidé par les troupes colmariennes, détruisit le repaire de brigands installé dans le château de Riquewihr (Reichenstein) pour mettre hors d'état de nuire les seigneurs du lieu, les frères Giselin. On ne sait pas si les comtes de Horbourg ont participé à l'opération, il est à noter que Walter Simon et Bourcart étaient encore jeunes à cette époque.
En 1279 le comte de Horbourg s'empara d'un voleur qu'il fit décapiter. Lors de fouilles nous avons trouvé les ossements d'un jeune homme vigoureux et entre ses jambes était posé un crâne sectionné au niveau des vertèbres cervicales.
En 1291 le comte Bourcart de Horbourg entreprit d'entourer de murailles et d'un fossé la cité de Riquewihr anciennement Richovilla. Il avait épousé la fille de Egon de Fribourg. Plus tard on y construisit un château.
Nous devons ici évoquer l'épisode Roesselmann car les comtes de Horbourg étaient toujours restés fidèles à l'évêque et un neveu, le comte de Wineck de Katzenthal était à la tête des opposants à Roesselmann. Peut-être que Walter Simon en faisait aussi partie. Au temps du conflit qui opposait Frédéric II à la papauté, les villes se sentirent abandonnées par l'empereur et recherchèrent protection à travers des alliances. En 1255 Colmar va adhérer à la Ligue Rhénane. L'empereur Guillaume de Hollande qui a succédé à Frédéric II confirma cette alliance et désigna comme magistrats les prévots de Francfort, d'Oppenheim, de Haguenau et de Colmar. Le prévot de Colmar s'appelait Jean Roesselmann et était le fils d'un tanneur de Turckheim du nom de Walter. Ce bailli issu de la plèbe a gardé le souvenir de l'esprit batailleur des partisans nobles de l'évêque Walter de Geroldseck. Ceux-ci avaient même réussi à éloigner Roesselmann de la ville. Ce prévot impérial ne perdit pas courage et se rendit à Ensisheim pour rencontrer Rodolphe de Habsbourg. Ce dernier avait quitté le parti de l'évêque qui voulait annuler la donation faite par Hartmann de Kybourg, l'oncle de Rodolphe. Avec l'assentiment de Rodolphe, Roesselmann se laissa enfermer dans un tonneau qui fut conduit dans la ville. Avec ses partisans il réussit à ouvrir les portes de la ville pour laisser entrer les troupes de Rodolphe. C'est ainsi que les bourgeois de Colmar se débarrassèrent du joug des nobles et de l'évêché au cri de « Voilà les Habsbourg ».
Jean Roesselmann fut à nouveau intronisé comme prévôt et les adversaires comme le seigneur de Rathsamhausen et 7 autres nobles furent contraints à l'exil. Mécontent après cette défaite, l'évêque chercha à nouveau en 1262 à reconquérir la ville par la ruse. Arborant les drapeaux aux couleurs des Habsbourg, les partisans de l'évêque avec à leur tête le seigneur de Wineck, neveu du comte de Horbourg, et un grand nombre de chevaliers issus de la noblesse de la province pénétrèrent dans la ville en criant « voilà l'évêque de Strasbourg ». Roesselmann rameuta ses troupes et se lança dans la bataille. Il succomba dans l’échauffourée mais ses troupes en sortirent vainqueurs, poursuivirent les attaquants et tuèrent plus de 20 membres de la noblesse.
Roesselmann est resté très populaire et sa statue réalisée par Bartholdi orne toujours la fontaine qui se trouve sur la place des Six Montagnes Noires. L'obituaire (registre des morts) du couvent Unterlinden porte la mention d'une certaine Adélaide de Horbourg et dans un manuscrit nous trouvons encore l’évocation de Helrade de Horbourg. Ces deux moniales vécurent au treizième siècle...
Le comte Bourcart, à l'origine des remparts de Riquewihr, avait deux fils Walter IV et Bourcart II qui se trouvèrent dans l'obligation de céder leurs biens en 1324 à leur oncle le comte Ulrich de Wurtemberg avec réserve d'usufruit. Il est dit dans l'acte de vente qu'ils n'avaient pas d'enfants. Mais Bourcart eut plus tard un fils ce qui laisse penser que ce n'était pas la cause principale de leur décision.
L'évêque Jean n'était pas d'accord avec les clause de la vente et réclama la restitution des fiefs épiscopaux... L'armée épiscopale s'installa à Ostheim près de Zellenberg dans le but de conquérir l'ensemble des biens de la seigneurie de Horbourg. Le comte de Wurtemberg et son neveu Bourcart se résolurent à conclure un accord qui prévoyait que le comte de Wurtemberg abandonnerait tous les biens détenus en fief de l'évêché contre un indemnisation de 600 marcs à payer par l'évêque. Cette restitution concernait notamment Zellenberg, Bennwihr et diverses autres possessions. C'est ainsi que le drapeau de l'évêché fut hissé au sommet de la tour du château de Zellenberg et que les troupes épiscopales occupèrent la ville."
Extrait de Römercastell und Grafenschloss Horburg : Herrenschneider Colmar 1894.
Traduction B. Meistermann
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