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Un général de cavalerie pendant la guerre de Trente Ans

 

Otto Louis de Salm, wild et rhingrave, né le 13 octobre 1597, est connu comme général d'armée pendant la Guerre de Trente ans. Depuis que le roi du Danemark Christian IV est entré en guerre en 1625 contre le Saint Empire il s'est battu sous ses ordres et a partagé son destin. Lors de la malencontreuse bataille de Lutter am Barenberge (1626) il assura le commandement suprême dans le dernier assaut. En automne de l'année suivante, alors que le roi s'était réfugié dans ses îles, il tenta de résister en vain, à la tête de 7000 hommes, à la supériorité de Wallenstein. Avec Bernard de Saxe Weimar, qui s'est rallié à lui, il a été contraint de se retirer dans le Jutland, regagna Aarhus pour rejoindre par bateau l'île de Fionie. Comme Bernard de Saxe il quitta le service dans l'armée danoise non sans avoir été en conflit avec Christian. Il était entre autre accusé d'être trop proche de Christine Munck, l'épouse morganatique du roi. En 1628 il entra au service de Gustave Adolphe et en tant que colonel obtint le commandement de sa cavalerie en Prusse qui était alors le théâtre de la guerre entre la Suède et la Pologne.

 

Il n'a pas fallu attendre longtemps pour que son arrogance et son autoritarisme ne suscitent le mécontentement de Gustave Adolphe. Ce dernier lui reprocha notamment son insubordination lors de la défaite de Sthum en juin 1629 que les polonais, de manière exagérée, ont fêté comme une grande victoire. Le roi était aussi mécontent du libertinage de ses troupes et songea à traîner ce fanfaron compagnon à Stockholm pour le mettre à mort. Mais devant la popularité du rhingrave auprès de ses troupes il renonça à cette éventualité. Otto Louis, nia avec fermeté les accusations portées contre lui et semblait commencer à se lasser du service suédois. Lorsque Gustave Adolphe a entamé la guerre contre l'Allemagne (1630) il s'est réconcilié avec Otto Louis qui à partir de ce moment se comporta en chef prudent et combattit, souvent avec succès, sous la bannière du grand roi. Ainsi, en mars 1631 il remporta une victoire contre Wengersky, le gouverneur du Mecklembourg, près de Plau et empêcha son armée de faire la jonction avec Tilly. En Avril il participa à la prise de Francfort sur l'Oder et après l'inévitable catastrophe de Magdebourg il installa son camp à la cour du roi. Sa participation au raid de Burgstall lui valut des lauriers, et il aida Gustave Adlof à remporter les batailles décisives de Breitenfeld et de Leipzig. Il accompagna ensuite le roi dans sa marche victorieuse sur Erfurt en passant par la Pffafengasse pour rejoindre le Rhin.

 

Il atteignit la Moselle près de Trarbach à Noël et, soutenu par Bernard de Saxe, et, par des raids audacieux, enleva plusieurs forteresses entre les deux fleuves pour permettre au roi d'entrer dans Kreuznach en 1632. Lorsque ce dernier se dirigea vers la Franconie et la Bavière il fut placé sous le commandement général du chancelier suédois Axel Oxenstjerna et continua à harceler l'ennemi sur la rive gauche du Rhin et à leur infliger des pertes considérables. Le roi n'a jamais revu Otto Louis. Lorsque Oxenstjerna a été rappelé lors de la bataille de Lützen, Otto Louis a été placé sous le commandement du Maréchal Horn. Le 2 novembre, en récompense des services rendus et en accord avec le roi, Horn l'a élevé au grade de général de cavalerie.

 

Après la mort de Gustave Adolphe, Horn lui a confié le commandement des troupes en Alsace. Comme il l'avait fait avec les espagnols, il surpassait maintenant les troupes impériales par son courage et son action et devint très dangereux pour le bailliage provincial de Haute-Alsace. En 1633, ces dernières, encouragées par l'éloignement de Horn en Souabe, investirent plusieurs villes occupées par les Suédois. C'est ainsi que Haguenau fut occupé malgré les efforts du rhingrave. Pour éviter d'autres pertes, il se rendit sur place et constatant que les paysans catholiques fanatisés soutenaient les troupes impériales et se rassemblaient par milliers dans le Sundgau il jugea nécessaire de donner une leçon à ces populations. Abandonnés par le comte Montecuccoli, 1600 paysans, encerclés par les troupes du rhingrave à Dannemarie, furent exterminés. Appelé à la rescousse par le maréchal Horn il remporta encore quelques victoires jusqu'en Suisse.

 

Au début de l'année 1634, les commandants des troupes impériales cherchèrent à rétablir l'autorité de l'Autriche sur la Haute-Alsace et le Sundgau mais, malgré l'aide apportée par le duc de Lorraine, ils ne parvinrent pas à leur fin. La guerre prit une nouvelle tournure lorsque le rhingrave accula le comte de Salm (Herrmann Adolphe de Salm-Reifferscheid) dans la forteresse du Haut-Barr. Ce dernier ne trouva pas d'autre moyen de salut que de se précipiter dans les bras des français et du roi Louis XIII. Non seulement Haut-Barr mais des villes comme Haguenau et Reischshofen se placèrent sous l'autorité de ce protecteur de la foi catholique. Mieux vaut se soumettre aux français qu'aux hérétiques devint alors la devise et le rhingrave se sentit alors floué du gain de ses victoires. Il se dirigea alors à nouveau vers le Sundgau, s'empara de Soultz, Guebwiller et Rouffach, battit le reste des troupes de Lorraine près de Wattwiller. Il poursuivit les fugitifs jusqu'à Thann et prit Belfort. Presque tout le Sundgau était conquis, seules quelques places furent occupées par les français.

 

En avril il franchit le Rhin près de Neuenbourg et obtint la reddition de Fribourg. Un mois plus tard il se heurta à la défense opiniâtre du commandant des troupes impériales Mercy lors du siège de Walstadt Rheinfelden. Sa situation devint d'autant plus difficile lorsqu'on lui confia le blocus de Brisach. Son ambition le poussait à s'emparer de cette forteresse sur le Rhin mais au début de l'été il reçut l'ordre de Horn d'abandonner pour se concentrer sur les manœuvres du Cardinal Infant Don Fernando qui depuis l'Italie menaçait la Souabe et de déplacer les troupes disponibles en Alsace sur les rives du Danube. Le maréchal Horn, en accord avec le chancelier Oxenstjerna lui intima l'ordre de défendre la Souabe de toute invasion. Otto Louis, par sa lenteur, montra ses réticences, et espéra toujours contraindre ces deux villes, par la faim, à la capitulation. En fait il ne partit qu'après la capitulation de Rheinfelden les 19 août convaincu qu'il avait réussi a sécuriser cette forteresse. Mais même alors il hésitait encore et mettait un point d'honneur à amener Brisach dans le giron protestant. Ce qui fit qu'en rejoignant Horn, il arriva trop tard pour empêcher la cuisante défaite suédoise de Nördlingen qui aurait pu être évitée sans ses atermoiements.

 

Il avait cherché la gloire sur les bords du Rhin, mais n'a récolté que des insultes, et était contraint d'en subir les conséquences de la bataille de Nördlingen. Avec Bernard de Saxe il tenta de rassembler les troupes en déroute aux environs de Heibronn quand il apprit, qu'encouragé par cette défaite et épaulé par les troupes bavaroises, le duc de Lorraine menaçait ses bases en Alsace. Craignant surtout pour Strasbourg il marcha d'abord sur Kehl en septembre pour consolider cette rive du Rhin. En route, sur les rives de la Kinzig, il tomba sur les troupes bavaroises commandées par le major général von Werth. Encerclé, il ne put avoir la vie sauve qu'en précipitant son cheval dans les flots profonds de la rivière sous une pluie de balles pour se réfugier sur l'autre rive derrière un buisson. Entouré d'ennemis il réussit toutefois à rejoindre le gros de ses troupes et à passer, non sans pertes, le pont du Rhin.

 

Par la suite, sans scrupules, il chercha le soutien de l'armée française et retira ses troupes de Colmar et de Sélestat pour renforcer son armée. Il était conscient qu'il ne pouvait pas en être autrement et qu'en abandonnant ces villes et les contrées environnantes au roi de France la rupture avec l'empereur serait inéluctable. Malade après ces péripéties, il signa encore le contrat perfide qui livrait les villes de Sélestat et de Colmar aux ennemis de l'empire. Le 16 octobre, rappelé par Oxenstjerna à Worms il va décéder à l'âge de 37ans. Bien que les suédois lui aient consacré une nécrologie élogieuse comme général de cavalerie et comme défenseur de la cause protestante il fait figure de condottieri sans attaches et sans répit. Nous ne savons pas grand chose sur son enfance et son éducation mais il faut admettre qu'il est resté fidèle à ses coreligionnaires à l'opposé de beaucoup de ses contemporains. Il suivait en cela les traditions de la maison, un oncle et deux frères, dont l'un est mort en 1629, se sont battus pour la même cause, souvent à ses côtés. Sa vie agitée, remplie d'aventures et de dangers ne la pas empêché de se marier. Sa veuve, une comtesse de Hanau, donna naissance à un fils Jean six mois après sa mort, qui est décédé en 1688 comme dernier de la lignée.

 

 

D'après Wittich Charles dans Deutsche Biographie

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