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Les Ribeaupierre : une famille seigneuriale dans la tourmente de l'histoire

 

L'origine des Rappoltstein

 

Les seigneurs de Rappoltstein étaient liés par alliances avec les plus grandes familles seigneuriales et comtales de part et d'autre du Rhin. Leur seigneurie était surtout composée, suivant les époques, de fiefs de l'Empire, des ducs de Lorraine, des évêques de Bâle, Strasbourg ou Metz, des ducs de Wurtemberg ou du Luxembourg ainsi que de l'abbaye de Murbach et a été agrandie par des possessions détenues en propre (alleux).

 

Pour donner une idée de l'importance des possessions rappelons qu'avant la guerre de Trente Ans les principaux bailliages étaient : la rive droite du Val de Lièpvre, le Val d'Orbey et le château du Hohnack, Wihr au Val et l'entrée du Val Saint-Grégoire, Ribeauvillé et Thannenkirch ainsi que Bergheim et Zellenberg, Guémar et environs avec le château de Molkenbourg et la région de Heiteren.

 

Les armoiries se décrivent ainsi : d'argent à trois écussons de gueule. Après avoir obtenu en fief la seigneurie du Hohnack et une partie de celle des Geroldseck ils ont fait figurer aussi les armoiries du Hohnack ; d'argent à trois têtes d'aigle couronnées, et celles des Geroldseck : d'argent au lion de gueule couronné. Le tout entouré du collier de la Toison d'Or, distinction honorifique de plusieurs membres de la famille. Cette représentation se trouve d'ailleurs sur la porte dite des Pucelles à Ribeauvillé.

 

Il n'existe que peu d'indices sur l'origine des Rappoltstein, nom qui va devenir Ribeaupierre après la Guerre de Trente Ans. Ce nom semble signifier pierre ou rocher de Rappolt et comme la montagne qui domine ce lieu est très rocailleuse, l'idée qu'il s'agirait d'un territoire donné à un chevalier de l'époque mérovingienne, du nom de Rappolt, a fait son chemin. Associer un nom de château à un rocher est d'ailleurs une pratique assez courante comme le prouvent le Fleckenstein, le Hirtzenstein,le Bilstein ou encore le Hugstein, ce château de Hughes de Rothenbourg, abbé de Murbach, situé près de Buhl. Ce chevalier du nom de Rappolt aurait établi là sa résidence et autour de ce lieu se serait développée la bourgade de Rappoltsweiler (Rappolti villa) dont le nom apparaît pour la première fois dans une charte du 8ème siècle.

 

Cette seigneurie appartenait vraisemblablement aux Eguisheim et, si l'on en croit Jean-Daniel-Schoepflin, serait devenue propriété des rois francs saliens par le mariage d'Adélaïde de Metz (Eguisheim) avec Henri de Spire, les parents de Conrad II le Salique, élu roi des romains en 1024. Ces possessions vont être confiées à l'évêque de Bâle et les Rappoltstein vont en devenir feudataires et pouvoir agrandir leur domaine par des alleux sur une partie de la ville et les villages environnants.

 

De cette première lignée nous connaissons Reginbald qui a tué Gérard d'Eguisheim, le frère de Bruno d'Eguisheim lors d'une querelle en 1038 et dans la première moitié du 12ème siècle, deux frères Adalbert et Reinhard ; ce dernier était prévôt du chapitre de Strasbourg et apparaît comme témoin dans plusieurs chartes. C'est sans doute après sa mort en 1157 que cette première lignée 

devait s'éteindre dans sa branche masculine. Adalbert eut trois enfants Reinhard, Berthold et Emma qui va épouser Egenolfe von Urslingen.

 

La deuxième lignée des Rappoltstein

 

Après la mort de son père et de ses deux frères Emma, par son mariage, va transférer la seigneurie à Egenolfe von Urslingen. Plusieurs membres de cette famille noble originaire de Irslingen en Forêt Noire ont accompagné les empereurs, notamment Frédéric Barberousse, dans leurs campagnes d'Italie. Conrad von Urslingen, un neveu d'Egenolfe, est même devenu duc de Spolète et sa fille Adélaïde a été la concubine attitrée de Frédéric II et la mère de plusieurs de ses enfants. Egenolfe va endosser le nom de von Rappoltstein, transférer les armoiries des von Urslingen aux von Rappoltstein et sans doute être à l'origine du château situé en contrebas qui porte aujourd'hui le nom de Sait-Ulrich, le saint patron de la chapelle castrale. Dans l'église du couvent de Wittichen fondé par Luitgarde on peut encore trouver une pierre tombale d'un chevalier von Urslingen tenant un écu portant les armoiries de la maison.

 

Pendant toute la période du règne des Hohenstaufen (1138-1254), les von Rappoltstein vont bénéficier de leur soutien, étendre leur influence par alliances avec les familles seigneuriales et comtales et développer leurs possessions en fiefs. Egenolfe va encore livrer bataille en 1178 contre Conrad de Horbourg et Egenolfe II, le petit-fils du fondateur de la lignée, va participer à la cinquième croisade (1217-1221), ramener une statue de la Vierge qui, confiée à un ermite, va être à l'origine du pèlerinage de Dusenbach. Nous allons décrire maintenant quelques-uns des principaux personnages de cette famille seigneuriale, plongée dans la tourmente l'époque.

 

 

13ème et 14ème siècle

 

Anselme II le Hardi ( ? - 1314 ?)

 

Le descendant d'Egenolfe qui va le plus défrayer les chroniques au 13ème siècle est Anselme II, fils du frère d'Egenolfe II, Ulrich de Rappoltstein. Par sa témérité, après la période d'insécurité du Grand Interrègne où le pouvoir impérial était affaibli, il sema le trouble en Alsace. En 1287 il s'attaqua même à Rodolphe de Habsbourg, élu roi des Romains en 1273, qui voulait lui faire reconnaître le droit à l'héritage de ses frères et de ses neveux. Rodolphe le fit assiéger par Henri de Baldeck et par les colmariens. Irrité de voir les alliés se liguer contre lui, il brûla Saint-Hippolyte et les villages environnants. Rodolphe de Habsbourg parvint toutefois à obtenir un accord en 1288 mais le partage de la seigneurie entre Anselme II, son frère Henri III et le fils de leur frère Ulrich IV va finalement se réaliser le 19 août 1298.

 

Lors de l'élection pour la succession du royaume Anselme va devenir un fervent partisan de la cause d'Albert de Habsbourg contre Adolphe de Nassau. En 1293 il participa à la défense de Colmar lors du soulèvement avorté contre le roi Adolphe de Nassau et fut écroué au château d'Achalm dont il ne sortira qu'en 1296. Au cours de sa captivité il fit le vœu de faire construire une chapelle à Dusenbach, vœu qu'il exauça après sa libération. Une légende veut aussi qu'il fit ce vœu après une malencontreuse chute de cheval alors qu'il était à la poursuite d'un cerf. Un rocher situé dans la montagne porte encore aujourd'hui le nom de saut du cerf. Le prévôt de Colmar, Walter Roesselmann, n'eut pas le même destin, il fut enfermé à la Schwartzenbourg près de Munster jusqu'à sa mort. Comme Anselme s'était réconcilié avec les Habsbourg il va encore obtenir le village de Heiteren et va décéder aux alentours de 1314. Son frère Henri II va signer en 1304 avec les Girsberg une convention d'échange du château situé à proximité de Wihr-au-Val avec le château dit Stein à Ribeauvillé qui sera nommé par la suite Girsberg.

 

Ulrich VII ( 1320? - 1377) et Brunon 1er (1344 ? - 1398)

 

Les deux frères, fils de Jean IV et d’Élisabeth de Hohengeroldseck, vont administrer la seigneurie et convenir en 1373 d'un accord de partage de celle-ci. Brunon, qui va occuper le château du haut, le Haut-Rappoltstein, est connu comme un valeureux chevalier dans les tournois de l'époque et dans la lutte contre les anglais pendant la guerre de cent ans où il fut fait prisonnier à Abbeville. Il épousa successivement Jeanne de Blamont et Anne de Grandson. De son premier mariage il obtiendra des possessions en Champagne et en Bourgogne et aura de bonnes relations avec les cours de France, de Bourgogne et de Lorraine.

 

Il va créer l'événement de l'époque en enfermant au Haut-Rappoltstein Sir John Harleston (appelé aussi Rote Junker), un chevalier anglais originaire de l'Essex, qui avait combattu pour la couronne anglaise et s'était illustré en tant que capitaine des troupes d'aventuriers appelées aussi les Grandes Compagnies. Harleston était, semble-t-il en route pour un pèlerinage à Rome. Cette affaire, s'étant déroulée pendant une période de paix, a suscité la réprobation et l'intervention du roi d'Angleterre Richard II, de l'empereur Wenceslas et même du pape Urbain VI. Comme Brunon était aussi bourgeois de Strasbourg (bourgeois extra muros ou ussburger) il bénéficia de l'appui de la ville et même du roi de France Charles VI. Lorsque la ville de Strasbourg fut mise au ban de l'empire, par opportunisme ou par duplicité, Brunon mit son captif en liberté et se rangea alors du côté des adversaires de la ville.

 

 

Ulrich VII épousa en première noce Herzlaude de Furstenberg et en deuxième, Marguerite la fille du duc de Lorraine Ferry IV. De ces deux unions il n'aura qu'une fille qui va s'appeler Herzlaude comme sa mère. Elle fut promise dans un premier temps au comte Jean III de Habsbourg-Laufenbourg mais le pacte fut rompu pour manque de virilité du prétendant. L'argument avancé, après un temps de vie commune, paraît assez fallacieux si l'on sait que la promise avait alors 10 ans et le petit Hans 12 ans, mais il n'a pas manqué d'inspirer les trouvères. Elle épousa par la suite dans un premier temps Henri de Saarwerden puis, en 1398, le comte Jean de Lupfen seigneur du Hohlandsberg auquel elle apporta la seigneurie du Hohnack. Cette succession déclencha d'ailleurs un conflit entre Maximin 1er (aussi appelé Smassmann), fils de Brunon, et Jean de Lupfen, qui fut arbitré par Léopold IV d'Autriche. Eberhard, le fils de Jean de Lupfen renoncera d'ailleurs plus tard à la seigneurie du Hohnack au profit de Maximin.

 

15ème siècle et 16ème siècle

 

Maximin 1er (1383 ? - 1456)

 

Maximin, aussi appelé Smassmann sans doute par une déformation populaire, est né du second mariage de Brunon avec Anne de Granson, d'origine bourguignonne ; il bénéficia dès sa naissance d'une double culture romane et germanique. Il fut nommé par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, échanson à sa cour et par l'empereur Sigismond, landvogt d'Alsace. Avec un contingent de troupes alsaciennes il participa au combat contre les Hussites en Bohême et avec Charles VII contre les anglais à la fin de la Guerre de Cent Ans.

 

En 1411, à la mort de Léopold IV qui avait épousé Catherine de Bourgogne, celle-ci assura la régence des biens appelés plus tard l'Autriche antérieure. Maximin va prendre sa défense dans le conflit qui l'opposa à l'empereur Frédéric IV au sujet de la dot versée lors du mariage. Catherine, de son côté l'épaula dans le conflit d'héritage qui opposa Maximin à Jean de Lupfen deuxième mari de Herzlaude de Rappoltstein. Maximin verra l'opportunité de sceller leurs accords par une union susceptible d'être bénéfique à sa maison. Il semblerait que des fiançailles, voir un mariage secret, aient été conclus entre eux. Ce projet d'union, qui rencontra toutefois l'hostilité à la cour de l'empereur et à celle de Bourgogne, devait avorter en 1418 à la suite d'une entrevue, entre les envoyés de Philippe le Bon et Maximin, qui s'est déroulée à Baumes-les-Dames. Une sentence de l'évêque de Langres permit aux deux parties de se remarier.

 

Le 22 février 1419 Maximin et son frère ULRICH VIII vont convenir d'un troisième partage de la seigneurie.

 

En 1422 un conflit va l'opposer à Jean-Guillaume de Girsberg, qui avait épousé Jeanne de Thierstein et était propriétaire du château appelé Stein. Avec Jean de Lupfen ils assiégèrent ce château et dans cette escarmouche Jean-Guillaume fut tué par un coup d'arquebuse. Les Rappoltstein eurent l'opportunité d'entrer en possession de ce château qui s'appellera dorénavant Girsberg.

 

En toutes circonstances il défendit âprement ses intérêts contre son frère Ulrich en prenant de force la ville fortifiée de Guémar et contre les Hattstatt, les Thierstein ou les héritiers de Jean de Lupfen. Lors de l'invasion des Armagnacs en 1439 et 1444 il essaiera de garder une certaine neutralité pour éviter que ses terres ne soient dévastées.

 

C'est aussi avec Maximin que l'on voit naître la tradition de roi des ménétriers, protection assurée par les Rappoltstein de la population des musiciens et des saltimbanques. Cette tradition, qui se renouvellera chaque année, donnera lieu à un rassemblement annuel à Ribeauvillé, avec force libations, suivies d'un pèlerinage à Dusenbach. Il s'est éteint en 1456 et de son mariage avec Élisabeth de Dick naîtront quatre fils dont Gaspard, chevalier de la toison d'or, mort en 1457 dans l'expédition de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, contre les Gantois, Emicon, Guillaume 1er, Maximin II et cinq filles.

 

Guillaume 1er (1427 – 1507)

 

Alors que son père avait servi la maison de Bourgogne, Guillaume 1er va rejoindre l'alliance formée contre Charles le Téméraire suite au traité de Saint-Omer (1469) et aux défaites du duc de Bourgogne contre les confédérés à Granson (1476) et à Morat (1476). A la bataille de Nancy en 1477, où périt le duc de Bourgogne, il commanda la cavalerie et permit le succès de René II de Lorraine. Il se mit au service des archiducs d'Autriche et de l'empereur Maximilien et exerça à plusieurs reprises la fonction de landvogt d'Alsace.

 

Maximin II (1437 – 1517)

 

Comme son frère Guillaume, après avoir été chambellan de Charles le Téméraire, il se ligua contre lui et participa à la bataille de Nancy. Il fit plusieurs pèlerinages à Saint-Jacques de Compostelle, à Rome et en Terre Sainte, fit reconstruire et agrandir le prieuré de Dusenbach et aménagea le chemin de croix. N'ayant pas été marié il ne laissa aucune postérité.

 

Guillaume II (1468 – 1547)

 

Guillaume II est un fils de Guillaume 1er et de Jeanne de Neufchatel. Il épousa Marguerite de Deux-Ponts-Bitche (Zweibrücken-Bitch) et exerça les fonctions de landvogt à Ensisheim pour s'occuper des affaire des Habsbourg en Haute-Alsace. Il sera un proche et un conseiller de Maximilien 1er, qui l'élèvera à la dignité de chevalier de la Toison d'Or, de Charles Quint et de Ferdinand 1er. C'est à cette époque aussi que la seigneurie atteindra son apogée et que les recettes provenant des mines d'argent vont assurer à la famille une grande prospérité. Il participa au siège de Padoue (1509) et à celui de Mantoue (1517), aux affrontements contre les turcs, et assista à plusieurs diètes d'empire comme Worms (1521) ou Augsbourg (1530). Mais il eut aussi à faire face au Bundschuh (1493) et à la révolte des paysans (1525) où il se montrera ferme sur l'allégeance à l'empire et à la foi catholique. C'est sous son règne que l'on va construire un château renaissance à proximité de la ville et abandonner progressivement les trois châteaux situés sur la montagne.

 

Ulrich IX (1495 - 1531)

 

Fils de Guillaume II, son père étant à Ensisheim, c'est lui qui devra gérer la révolte des paysans à Ribeauvillé et alentours. Marié à Anna Alexandra de Furstenberg en 1522, il avait aux alentours de trente ans au moment des émeutes, son frère Georges administrait alors le bailliage du Hohnack. C'est grâce à un bourgeois de Riquewihr, Eckard Wiegersheim, et à lui que nous connaissons dans le détail le déroulement des faits avec l'entrée des émeutiers à Riquewihr et à Ribeauvillé, la beuverie de la métairie du Buxhof alors propriété de l'abbaye de Pairis et le sac des abbayes de Schoenensteinbach, de Murbach, d'Altorf, de Sainte-Odile, Niedermunster, Honcourt ou Ebersmunster. Inquiets de la tournure des événements, le landvogt de Haguenau et l'évêque de la ville de Strasbourg en appellent au duc Antoine de Lorraine dont les bandes armées vont contraindre les émeutiers à capituler à Saverne ou 16000 paysans désarmés ont été sauvagement massacrés. Puis, se dirigeant vers Châtenois, les troupes du duc de Lorraine vont défaire les rustauds retranchés à Scherwiller et faire encore environ 5000 morts parmi les émeutiers. Ulrich, sous l'influence de sa femme, tenta de poursuivre les idées de la Réforme et influença son fils Egenolfe ; il s'éteindra encore jeune le 25 juillet 1531.

 

Egenolfe III (1527 - 1585)

 

Éduqué dans la foi réformée par sa mère il prendra en charge la seigneurie après la mort de son grand-père Guillaume II (1547) et de son oncle Georges (1548) à l'âge de 21 ans. Il va favoriser le développement des idées réformatrices et laissera Mathias Erb et Louis König prédicateurs à Riquewihr et à Hunawihr tenir leurs prêches au château. Mais ce n'est qu'en 1580 que les Ribeaupierre vont opter pour la confession d'Augsbourg. Cette attitude vaudra des remontrances de la part des autorités impériales et marquera, dans une certaine mesure, le déclin du rôle joué par la famille dans l'administration des biens de l'Autriche antérieure.

 

 

17ème siècle

 

Eberhard (1570 – 1637)

 

Fils d'Egenolfe III et de Marie d'Erbach, c'est un homme cultivé, qui a fait des études à l'université de Tübingen et qui en fin stratège, cherchera à poursuivre l’œuvre d'évangélisation de ses sujets, entreprise par son père et ce, malgré l'opposition du pouvoir impérial. Ces efforts, toutefois, ne seront pas couronnés de succès car il ne pourra imposer la réforme que dans ses alleux. Pendant la Guerre de Trente Ans il adoptera une attitude prudente et se réfugia à Strasbourg, mais ne pourra pas éviter les destructions liées aux différentes invasions. Il laissera les troupes françaises commandées par Manicamp prendre par ruse, en faisant pression sur ses fils, le château du Hohnack en 1635. On lui doit aussi l'embellissement de la ville de Ribeauvillé par la création de deux jardins l'un près du château et l'autre à l'entrée de la ville. Il laissera à ses deux fils Georges-Frédéric et Jean-Jacques, issus de son 1er mariage avec Anna de Salm une seigneurie dans une situation économique assez désastreuse.

 

Georges-Frédéric (1594 - 1651) et Jean Jacques de Ribeaupierre (1598 - 1673)

 

Eberhard eut six fils de sa première union avec Anna de Salm Kyrboug mais seuls Georges Frédéric et Jean Jacques survécurent, les autres sont décédés très jeunes ou dans leur adolescence ou n'ont pas laissé d'héritier. Georges Frédéric s'est marié en 1623 avec Agathe Marie de Hanau Lichtenberg et en 1640 avec Élisabeth Charlotte de Solms-Laubach et aucun fils de sa deuxième union ne resta en vie. La même malédiction concernant la postérité de la lignée masculine de la maison allait frapper Jean Jacques qui de son union avec Anne Claude de Salm Kyrbourg, aucun héritier mâle ne resta en vie. Après la mort de Georges-Frédric en 1651 c'est Jean-Jacques qui prend en charge la régence de la seigneurie. En 1663 François de Furstenberg est élu au trône épiscopal de Strasbourg et prêta fidélité au roi de France, pour Jean Jacques c'était le moment de faire de même.

 

Jean Jacques eut deux filles, Anne Dorothée, l'aînée, qui est restée célibataire et s'est fixée en son château à Ribeauvillé où elle va décéder en 1725 à l'âge de 70 ans. La cadette, Catherine Agathe va épouser Christian II de Birkenfeld Bischwiller d'une des branches de la maison Palatine qui s'est établie en Alsace. Jean Jacques fut encore élevé à la dignité de comte. Il va s'éteindre en 1673 et sa dépouille inhumée dans le caveau familial sera profanée à la Révolution. Catherine Agathe va donc donner naissance à la troisième lignée et apporter aux Birkenfeld les possessions qui porteront désormais le nom de comté de Ribeaupierre.

 

 

La troisième lignée

 

Christian II (1637 - 1717)

 

Il est le fils de Christian I et de Madeleine Christine de Deux-Ponts, sa première femme, qui a combattu sous les ordre du roi du Danemark puis sous ceux de Gustave-Adolphe de Suède avant de s'installer en 1636 à Bischwiller, bourgade alors dévastée par la Guerre de Trente Ans. Il hérita de son père le duché de Birkenfeld et s'engagea, lui aussi, au service de la Suède avant de combattre les turcs et défendre la Hongrie à la tête d'un corps d'armée français et de se mettre définitivement au service de la France. Louis XIV lui accorda le commandement du régiment Royal-Alsace et il deviendra maréchal de camp et lieutenant général. Il obtint de Louis XIV l'investiture de tous les fiefs des Ribeaupierre après son mariage avec Catherine Agathe en 1667. Installé à Strasbourg, il abandonna ses domaines à son fils Christian III en 1701 et décéda le 26 avril 1717.

 

Christian III (1674 - 1735)

 

Il succéda à son père à la tête du régiment Royal-Alsace et devint Lieutenant Général des armées du roi. Il épousa en 1719 Charlotte-Louise la fille du comte de Nassau-Saarbrucken et reçut à Ribeauvillé la visite de Satnislas Leszinski, roi de Pologne. Il acquiert en 1731 le duché de Deux-Ponts à la suite de la mort sans héritier de Gustave Samuel de Cleebourg mais va décéder en 1735 à l'âge de 61 ans.

 

De son union il aura plusieurs enfants dont Christian IV, Frédéric Michel, Caroline Henriette qui va épouser Louis IX le landgrave de Hesse-Darmstadt et Christine mariée en 1741 à Charles Auguste prince de Waldeck. Henriette Caroline, suite au mariage de ses deux filles va devenir la belle-mère de Frédérique-Guillaume II de Prusse et de l'archiduc Charles Auguste de Saxe Weimar.

 

Christian IV (1722 - 1775)

 

C'est le fils aîné de Christian III qui aura l'opportunité d'accroître ses possessions par l'acquisition complète du comté de la Petite Pierre et du bailliage de Hombourg et de Seltz. Il va contracter une union morganatique avec Marie-Anne Fontevieux alias Marie-Anne Camasse, ancienne danseuse de l'Opéra et lui fit décerner le titre de comtesse de Forbach. Elle était née à Strasbourg en 1735 et était la sœur de Jean Baptiste Fontevieux, attaché au service de la cour ducale des Deux-Ponts. Il abjura le protestantisme en 1758 et mourut sans héritiers légitimes reconnus en 1775 au château de Petersheim d'une pneumonie.

 

 

Frédéric Michel (1724 - 1767

 

Il est le frère cadet de Christian IV et il épousa Marie la fille de Joseph Charles de Soultzbach. Il se convertit, lui aussi, à la religion catholique et, nommé par l'empereur à la dignité de Feldmarschall, il participa à la guerre contre Frédéric II de Prusse en 1758 et reçut les insignes de chevalier de la Toison d'Or. Ce sont ses deux fils, Charles Auguste Chrétien et Maximilien Joseph qui vont hériter du duché des Deux-Ponts et du comté de Ribeaupierre.

 

Maximilien (1756 -

 

A la mort de Charles Auguste en 1795, le duché passa à Maximilien Joseph, le cadet de la famille qui disposait déjà du comté de Ribeaupierre. Il résida surtout à Strasbourg où l'appelaient ses fonctions de colonel du régiment Royal-Alsace. Mais on le vit de temps à autre à Ribeauvillé ou, comme le rapporte la baronne d'Oberkirch, chez le comte Dagobert Waldner de Freundstein dans son château d'Ollwiller. Christian IV avait acheté au prêteur royal Gayot un hôtel particulier dans la rue Brulée à Strabourg, qu'il légua à Maximilen et qui va devenir plus tard la résidence du gouverneur militaire de Strasbourg. Il épousa en 1785 Augusta Wihelmine de Hesse Darmstadt qui lui donna pour fils Louis I de Bavière et en 1797, en deuxième noce Caroline de Bade. Au début de la révolution il apporta le concours du Royal-Alsace pour réprimer les insurgés puis, après s'être réfugié sur la rive droite du Rhin et pris part à la coalition contre la France, il va rejoindre le premier consul et participer aux guerres de l'Empire aux côtés de Napoléon qui va l'introniser roi de Bavière en 1806. Pour sceller son union avec Napoléon il va donner sa fille Auguste Amélie au prince Eugène de Beauharnais. Pour sauver son trône il va abandonner son protecteur pour entrer dans la coalition qui s'était formée contre l'empereur. Il va décéder dans la résidence d'été des rois de Bavière, le palais de Nymphenbourg près de Munich, le 13 octobre 1825 et laisser la succession à son fils Louis 1er. La baronne d'Oberkirch dit de lui : - Le prince Max était un bourreau d'argent ; le roi Louis XVI avait payé ses dettes, et il en faisait toujours de nouvelles. C'était ce que les hommes appellent un bon vivant. Il aimait la chasse, la table, et, les filles d'Opéra, ce qui ne l'empêchait pas d'avoir de grandes manières et d'être du meilleur air à la cour et dans les salons. Il racontait à merveille les choses les plus drôles et les plus difficiles à faire écouter -.

 

Bruno Meistermann 23/02/24

 

 

 

 

 

Indications bibliographiques :

 

Rappolsteinisches Urkundenbuch Dr Karl Albrecht Colmar 1891

Die Herrschaft Rappoltstein Julius Rathgeber Strasbourg 1874

L'Alsace Illustrée Jean-Daniel Schoepflin traduction de L.W. Ravenez Mulhouse 1849

Histoire de Strasbourg depuis ses origines jusqu'à nos jours Rodolphe Reuss Paris 1922

Jahrbuch der Elsass Lothringischen Wissenschaftlichen zu Stassburg Gesellschaft : die Herren von Giersberg und ihr Stammgebiet A. Scherlen Colmar 1930

Un seigneur alsacien de la fin du Moyen-Âge : Maximin ou Smassmann de Ribeaupierre Strasbourg 1933

Geschichte des Gnadenbildes unserer lieben Frau von Dusenbach : V. Kehrein 1894

Anna Alexandria, Herrin von Rappolstein, eine evangelische Edelfrau aus der Zeit der Reformation : Heirich Rocholl 1900

Versuch einer Gemeindekunde in kirschengeschichtlichen daten 1517 1912 : W. Horning Strassburg 1913

Dictionnaire de biographies des hommes célèbres d'Alsace Edouard Sitzmann 1910

Ressources biographiques de la Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie d'Alsace

 

Illustrations :

 

1. Armoiries des Ribeaupierre : Hotel de Ville de Ribeauvillé

2. Le Saint-Ulrich vu du Girsberg

3. Ancien prieuré clunisien de Dusenbach

5. Girsberg et ville de Ribeauvillé

6. Fête des Ménétriers : Léon Schnug

7. Maximilien : Hôtel de Ville de Ribeauvillé

 

 

 

 

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