"...Jean-Geoffroy Schweighaeuser, né en 1776, était d'une nature différente. Son père, sans aucun doute a imprimé à sa carrière une marche analogue à celle qu'il avait suivie lui-même ; le fils ne pouvait rester étranger aux études de l'éditeur de Polybe et d'Hérodote ; mais ce fils avait une veine poétique dont Jean Schweihaeuser ne devait pas précisément favoriser le libre essor. La mère de Geoffroy paraît avoir exercé sur cet enfant précoce une influence marquée ; on cite de lui des traits qui laissent deviner des soins maternels incessants....
Geoffroy Schweighaeuser avait à peine dix-sept ans lorsque l'orage révolutionnaire dispersa les membres de sa famille. Tandis que son père cherchait à se faire poublier dans son obscure mais studieuse retraite de Baccarat, le jeune Geoffroy était enrôlé comme simple volontaire dans l'armée républicaine ; il remplissait son rôle ou son devoir de soldat-citoyen dans les lignes de Wissembourg et dans le Palatinat, emportant au fon de son havresac un exemplaire de la Cyropédie et de la Retraite des Dix mille....Libéré du service militaire, il put, pendant un séjour prolongé à Paris, rendre des services importants à son père vieillissant, en collationnant des manuscrits pour les éditions d'Epictète, de Cébès, d'Athénée...
Précepteur, pendant quelque temps, dans la maison de M. Voyer-d'Argenson, il vit, pendant le Consulat et les premières années de l'Empire, l'élite de la société parisienne ; tout en l'appréciant, il n'oubliait point sa double origine.... Dans les salons de Mme de Staël, il vit les frères Schlegel et suivit un cours de Frédéric. Lorsque Geoffroy Schweighaeuser revint dans ville natale, son père lui aplanit la carrière de l'enseignement. Il fut nommé, en 1812, professeur de littérature latine au Séminaire protestant et adjoint de son père à la faculté de lettres.... En 1816, Geoffroy Schweighaeuser s'était créé un intérieur domestique ; il avait épousé l'une des filles du professeur d'anatomie, Thomas Lauth, et il avait su associer sa compagne à une partie des ses goûts studieux. De ses années de jeunesse , il avait conservé l'amour des explorations savantes, des courses entreprises dans un but scientifique ; il parcourait pendant les vacances la vallée rhénane et les Vosges, étudiant, dessinant sur place les monuments celtiques, romains, germaniques.
... De cette époque datent aussi ses relations avec feu M. de Golbery ; et cette alliance des deux antiquaires du Haut-Rhin et du Bas-Rhin a produit, on le sait, un ouvrage désormais classique, malgré quelques inexactitudes ou lacunes de détail. J'ai nommé les Antiquités de l'Alsace, ou Châteaux églises et autres monuments du Haut-Rhin et du Bas-Rhin.
... La belle activité de Schweihaeuser fut assez subitement interrompue, en 1829, par un mal nerveux qui dégénéra lentement en paralysie....
Bulletin de la Société de Conservation des Monuments Historiques d'Alsace : Les deux Schweighaeuser : L. Spach : 1869.
Schweighaeuser : Imagines Philologorum : Alfred Gudeman : 1911.