"Nathan Katz est né le soir de Noël de l'année 1892 à Waldighofen, dans cette région de l'extrême Sud de l'Alsace qu'on appelle le Sundgau....A quinze ans, il entre comme apprenti de bureau à l'usine de tissage et de filature des Frères Lang, toujours au village de Waldighofen....Par un trait d'humour du destin, c'est la boucherie familiale qui lui donne accès à la littérature contemporaine à travers Rilke, Péguy, Francis Jammes, Mistral, Rabindranâth Tagore. En effet, un chiffonier qui livrait à Bâle en revenait avec une cargaison de journaux dont il approvisionnait le commerce des Katz. Le jeune Nathan y découpe les rubriques littéraires et se réserve les revues spécialisées qui l'initient aux lettres de son époque.
... Katz est incorporé, pour son service actif sous l'uniforme allemand à partir de septembre 1913. Trois semaines plus tard, le 20 août 1914, près de Sarrebourg, il a le bras droit brisé par une balle....Dès janvier 1915 il rejoint le 150ème Régiment d'Infanterie à Allenstein, en Prusse Orientale, puis en mars 1915, le front russe. En juin 1915, il est fait prisonnier à Ostrolenka et interné aux camps russes de Sergatsch et de Nijni-Novgorod jusqu'en août 1916. Le 26 août 1916 il est rapatrié à Monistrol-sur-Loire. De septembre 1916 à janvier 1918, il passe seize mois au camp de prisonniers de Saint Rambert-sur-Loire. Au printemps 1918, après un séjour à l'hôpital militaire de Saint-Etienne, il est évacué au dépôt d'Alsaciens-Lorrains de Lourdes. En décembre 1918, il est mis en détachement pour se rendre à Waldighofen, détachement renouvelé de trois mois en trois mois jusqu'en septembre 1918.
Pendant quelques mois, Nathan Katz travaille à la boucherie familiale, mais il ne peut se résoudre à y investir son avenir. A partir de 1923, il devient voyageur de commerce : d'abord pour l'industrie métallurgique, puis, de 1926 à 1931, pour les machines textiles. Pendant ces années de voyage en France, Allemagne, Autriche, Tchécoslovaquie, Hollande, Katz ne revient qu'épisodiquement au Sundgau.
La crise économique le contraint quelque temps au chômage. Le poète et peintre Henri Solveen, le présente alors à l'industriel Ancel qui l'engage comme inspecteur-voyageur. Et les déplacements recommencent, surtout vers le midi de la France et l'Afrique du Nord...
Mobilisé en 1939, il est envoyé en Afrique du Nord pendant la "drôle de guerre". Le 22 novembre 1939, il est rayé des contrôles et se retire à Contantine.
Définitivement renvoyé dans ses foyers le 25 juillet 1940, il revient à Limoges où son usine strabourgeoise avait été évacuée. Nathan Katz passe les années de guerre en zone libre, mais les lois de Vichy le feront congédier des établissements Ancel en janvier 1942. Il avait à ce moment là, déjà perdu son patron et ami, ancien gazé de la Première Guerre, qui entre temps s'était donné la mort.
...Rapatrié en Alsace, il exerce à partir du 1er janvier 1946 et jusqu'à sa retraite en 1958, les fonctions de bibliothécaire à la Bibliothèque Municipale de Mulhouse.
En mars 1948, il avait épousé Françoise Boilly, arrière petite fille du Général Foy (1775-1825) et du peintre Léopold Boilly (1761-1845).
...Il est mort à Mulhouse le 12 janvier 1981."
d'après les éditions ARFUYEN
"...Aucune affectation littéraire dans ses poèmes, aucun pathos métaphysique. Rien que cette paix, cette joie. Les thèmes de Katz sont ceux de toute grande poésie, qu'elle soit chinoise, persane ou grecque : l'amour et la séparation, la nature et la mort. A travers eux pourtant c'est toujours du mystère qu'il nous parle : le "souffle secret" qui anime toute chose, le "miracle" qui sans cesse, à notre insu, s'y accomplit...."
La Vie spirituelle : Gérard Pfister 2001
Dessin de Nathan Katz : Eugène Henri Cordier : Waldighofen