"M. Hugot, notre bibliothécaire-archiviste, dont le nom restera attaché au musée de Colmar et dont la santé finit par subir le contre-coup d'une vie pleine d'amertumes, était mort à Strasbourg chez son frère, directeur des contributions directes du Bas-Rhin. On reconnut alors qu'un seul homme ne pouvait suffire à la tache multiple de ses fonctions diverses et le service fut scindé en deux. M. Thomas devint bibliothécaire en titre et M. X. Mossmann, archiviste de la ville.
Ce dernier, venait de passer quelques années à Thann, dans l'établissement de produits chimiques de MM. Kestner et Cie, fut repris d'une belle passion pour les archives qui avaient fait le bonheur de sa jeunesse. Bien qu'il ne fut point élève de l'Ecole des Chartes, il était né paléographe dans la vraie acception du mot. Comme dit la chanson, l'ont revient toujours à ses premiers amours. Les vieux textes énigmatiques, les palimpsestes les plus broussailleux et les plus rébarbatifs, offraient une mine inépuisable à ses recherches tournées surtout du côté des annales alsaciennes.
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Les importants documents presque inexplorés, de l'ancienne ville libre impériale lui offraient un vaste champ d'études personnelles, qu'il se mit à défricher avec un bel entrain pour publier des notices, des monographies, des brochures, des articles de journaux et autres travaux dont la Revue d'Alsace eut la primeur. Il y inséra une longue suite de matériaux pour l'histoire de la Guerre de Trente ans, cette histoire épique et cruellement sanglante qui ne fait plus guère battre les coeurs modernes. Les temps héroiques sont clos ; mais ces études, très intéressantes au fond, n'en témoignent pas moins d'une profonde érudition. Il écrivit aussi - et c'est là une de ses productions les plus populaires - des notices très documentées et très appréciées pour le Musée pittoresque et historique d'Alsace, publié par J. Rothmüller.
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Cependant il faut être juste avant tout. Si l'inventaire de Colmar restait stationnaire, notre archiviste avait accepté avec le plus vif empressement l'offre que lui fit la ville de Mulhouse de dresser le cartulaire des siennes. Ce travail, aussi intéressant que pénible, commencé depuis bien logtemps, devint l'oeuvre capitale de sa vie ; elle le classa parmi les principaux pionniers de l'histoire de l'Alsace.
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Charles Goutzwiller : A travers le passé 1898