D'Ottrott au Mont Sainte-Odile

Ottrott - Châteaux d'Ottrott - Sentier des Merveilles - Mont Sainte-Odile - Niedermunster - Carrières de Saint Nabor - Ottrott

Description de la randonnée
Départ  Ottrott
Propriétés 

Distance : 15 km

Dénivelé : 650 m

Restauration : Mont Sainte-Odile

(restaurant ou self).

Carte IGN : 3716 ET

Remarques 

Belle randonnée pour atteindre ce lieu

de pèlerinage réputé.

 

Le sentier des Merveilles qui longe

le Mur Païen porte bien son nom et

le paisible vallon de Niedermünster

avec sa chapelle Saint Nicolas vaut

le détour.

Emprunter le sentier (rectangle rouge blanc rouge) pour monter aux ruines des Chateaux d'Ottrott (Lutzelbourg et Rathsamhausen) et à la maison forestière Rathsamhausen.

Continuer ce sentier pour se diriger vers le Mont Sainte-Odile puis le quitter pour prendre le Sentier des Merveilles (chevalet bleu).

Se diriger ensuite vers le Mont Sainte-Odile et traverser la Grossmatt.

Aller ensuite à l'ancienne Abbaye de Niëdermünster et à la Chapelle Saint Nicolas (triangle jaune puis triangle rouge).

Revenir sur vos pas pour contourner les carrières de Saint Nabor (disque jaune) et rejoindre Ottrott par le sentier des pélerins (croix jaune) en traversant Ottrott-le-Haut.

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La Légende d'Odile de Hohenbourg

"...Fille d'Adalric, duc d'Alsace, elle eut pour mère Bereswinde, nièce de Saint Léger, apôtre des Gaules. Elle vint au monde aveugle.

 

Sur le grand siège de bois en forme d'x, appuyé à la cheminée séculaire, le vieux duc est assis. Il a déjà eu plusieurs enfants qu'il a envoyé guerroyer au loin et on vient lui annoncer la naissance d'une fille aveugle. Il s'emporte contre le destin et fait appeler son serviteur Esthic dont le dévouement rude et farouche ne souffre aucune discussion ; il lui ordonne de prendre l'enfant et de la tuer.

 

Mais devant une pareille tâche, le coeur du soldat se révolte.  Il a combattu contre les barbares, lutté contre les cohortes romaines, il ne peut pas assassiner un enfant. Il l'emporte avec le concours de la nourrice et la confie à des religieuses du monastère de Palme, dans la Franche-Comté. L'eau lustrale tombe sur la paupière de l'enfant, elle se réveille comme d'un sommeil profond, ses yeux voyent.

 

Les années passent. Le vieux duc apprend que sa fille a été sauvée malgré lui et qu'elle a recouvrée la vue ; ses sentiments d'hostilité sont les mêmes ; il résiste à toutes les prières de sa famille. Mais cependant tant de sacrifices ont leur récompense pour la jeune fille qui ramène, peu à peu, son père à des sentiments plus doux. Elle est autorisée à fonder à Hohenbourg un monastère de femmes où elle réunit cent trente religieuses qui avaient le titre de chanoinesses. Elles vivaient en commun et sans suivre de règles spéciales ; elles faisient cependant voeu de pauvreté et de stabilité perpétuelle. Plus tard Odile fit construire un hôpital pour recevoir les pauvres et les malades, et à côté, un autre monastère, qui fut appelé Nidermunster ou bas-moustier, pour desservir l'hôpital.

 

Odile mourut en 720 et fut enterrée à Hohenbourg dans la chapelle saint Jean-Baptiste. Son tombeau fut immédiatement entouré d'une grande vénération à cause des nombreuses guérisons qui s'y opérèrent..."

 

Marc Dhano : La vieille et la nouvelle Alsace 1912.

La statue de sainte Odile dominant la plaine d'Alsace.

"...Donc, Il est entièrement sûr qu'Odile a existé ; il n'est pas non plus téméraire de croire que les reliques conservées à Hohenbourg sont authentiques. Mais là se bornent nos affirmations.

 

Nous nions tous les miracles relatés dans la légende : Odile recouvrant la vue dans le baptême, arrachant son père aux peines de l'autre monde, conversant avec les anges et les apôtres, etc...Nous n'acceptons même pas comme historiques ces faits, si on les dépouille de leur caractère merveilleux;

 

Nous ne croyons pas qu'Odile ait été à Moyenmoutier ou à Baume-les-Dames, parce que nous nous expliquons fort bien comment ces noms ont été introduits dans la légende ; nous ne pensons pas que sa nourrice ait habité Scherrwiller ni qu'elle même ait un jour pris la fuite à Fribourg, et si on nous objecte les chapelles élevées en ces deux endroits en l'honneur de la sainte, nous répondrons que l'existence de ces chapelles explique la légende, bien loin que la légende rende compte de l'existence des chapelles.

 

Il y a plus, il n'est pas sûr qu'Odile ait créé, au pied de Hohenbourg, Niedermünster, ni qu'elle ait bâti la chapelle Saint Jean. Tous ce qu'il nous est possible de soutenir, c'est que ces constructions étaient debout au début du 10ème siècle et que dès lors on les a attribué à Odile.

 

Bref, aucun point de la légende n'est démontré, sinon celui-ci : Odile a existé et a élevé le monastère de Hohenbourg."

 

Extrait de Le duché mérovingien d'Alsace et la Légende de Ste Odile : Christian Pfister : 1892.

 

De l'origine du Mur Païen

"Nous croyons donc pouvoir conclure en disant que notre mur païen a été l'oeuvre successive des générations qui se sont succédées sur notre sol bien avant la conquête romaine jusqu'à la chute de l'empire : ébauché par les populations primitives pour leur sécurité passagère, il a été agrandi, remanié, réparé à tour de rôle par celles qui les ont suivies pendant les cinq premiers siècles de notre ère: l'épithète de gallo-romain nous semble donc être la seule qui réponde à la vérité historique.

 

Si pour les antiquaires, notre mur païen restera peu-être toujours "le monument le plus énigmatique de nos contrées", comme l'a appelé Schweighaeuser, il est, sans contredit, le plus populaire pour tous les enfants d'Alsace, qui aiment à explorer ses ruines grandioses, sans chercher à deviner l'énigme de pierre ensevelie sous leur manteau quinze fois séculaire de lierre et de lichens, de mousse et de bruyère."

 

Aimé Reinhard : Le mont Sainte-Odile et ses environs 1888.

Ancien plan du mur païen dans le Mont Saint Odile et ses envrions : 1888.

 

"...Des villageois des environs de la montagne de Sainte Odile, certes forts ignorants de l'histoire des Gaules, ont souvent avoué qu'ils ne pouvaient se défendre, sur le Mennelstein ou sur le Stollhafen, d'une sorte de terreur vague, résultant d'anciennes traditions de meurtres ou de sortilèges qui auraient eu pour théâtre ces plate-formes de rochers. Leur crainte superstitieuse prouve que dans nos Vosges aussi les grandes pierres, bizarrement groupées, ont conservé leur magie, presqu'autant que chez les Bas-Bretons, les Irlandais, les Gallois, ces fils reconnus de la vieille mère celtique. Oui sans doute pour qui saurait lire dans le grand livre du passé, nos Vosges, ces solitudes si remplies de vestiges d'une colonisation antique, auraient de merveilleuses histoires à raconter..."

 

Saint-Odile et le Heidenmauer : revue d'Alsace 1854 : L. Levrault.

La légende de la croix et du chameau

"...En 799, Fortunat, patriarche de Jérusalem, envoya à Charlemagne un diacre chargé de solliciter son intervention auprès d'Aaron, roi de Perse, afin que l'église du Saint-Sépulcre fût exemptée de tout tribut et que les chrétiens de la terre sainte eussent le libre exercice de leur religion.

Le diacre, en s'acquittant de sa mission, offrit au roi des Francs, de la part de l'évêque, une cassette d'argent remplie de rares et précieuses reliques, comprenant entre autres, un morceau du bois de la vrai croix, des vêtements de la Vierge Marie, un bras de saint Denis, de saint Basilide etc ..

...

.. il y avait à cette époque à la cour de Charlemagne un seigneur, nommé Hughes, qui, par son attachement à la personne du monarque, était devenu un confident et son favori ; en récompense des services signalés qu'il lui avait rendus, il avait même reçu l'investiture du duché de Bourgogne. Cette faveur inouïe excita la jalousie des courtisans à tel point qu'ils résolurent la perte de Hughes.

...

.. ils vinrent un jour dévoiler avec indignation à l'empereur la trahison de son favori qu'ils accusèrent formellement d'avoir voulu attenter à sa vie pour usurper la couronne. Les dépositions des faux témoins parurent si accablantes pour l'accusé que Charles, outré de la perfidie de son favori, ne voulut pas même l'admettre à se justifier et le condamna à avoir la tête tranchée. Hughes, se voyant perdu, sollicita pour dernière grâce qu'on lui apportât dans son cachot les reliques envoyées à Charlemagne par Fortunat ; son voeu ayant été rempli, il s'agenouilla devant elles et, les prenant à témoin de son innocence, il recommanda son âme à Dieu. Arrivé sur le lieu du supplice, en présence du roi et d'une grande foule de spectateurs, il monta courageusement sur l'échafaud. Mais au moment où le bourreau allait lui porter le coup mortel, il sentit les muscles de ses bras se raidir et ses mains inertes laissèrent échapper le glaive. Le même phénomène s'étant reproduit chez plusieurs hommes appelés à le remplacer, Charlemagne, croyant à une manoeuvre ourdie en secret par les complices de Hughes, voulut lui-même donner la mort à son ancien ami ; mais, ayant levé sur lui le glaive, il se sentit, à son tour impuissant à le manier ...

Il reconnut que ce prodige était un effet de la Providence qui voulait ainsi manifester l'innocence du condamné ...

.. voulant dédommager le duc d'une façon éclatante, il lui promit de lui donner tout ce qu'il lui demanderait, et, à sa prière, lui fit don des reliques venues de Jérusalem.

...

Quelque temps après son retour en Bourgogne, mû par un sentiment d'humilité, il ne se crut pas digne de conserver dans son château le précieux trésor.... mais, ne voulant pas choisir lui-même le sanctuaire auquel il devait être confié, il résolut de s'en remettre à la Providence.

Il fit faire une grande croix en bois de chêne, couverte de lames d'argent représentant les scènes principales de la vie et de la Passion du Sauveur; les reliques y furent déposées ; puis la croix, ainsi que plusieurs manuscrits des Evangiles couverts de précieuses reliures et donnés par Aba, furent renfermés dans deux caisses qu'on plaça sur un chameau, qui, sans guide, devait suivre sa route à la grâce de Dieu.

 

Le chameau escorté par cinq chevaliers chargés par le duc de le suivre jusqu'à l'endroit où il s'arrêterait définitivement, se mit en route et, par monts et vaux, passant sans encombre forêts et rivières, parvint jusqu'à Paris ; de là, marchant vers l'orient, il arriva aux Vosges qu'il traversa, et vint, à l'époque de la moisson, le 9 juillet 803, se reposer à l'entrée du village de Saint Nabor. Déjà les chevaliers croyaient que c'était là le terme du voyage ; mais le chameau, se relevant aussitôt, se mit à gravir la montagne au-dessus du village et, parvenu enfin auprès de Niedermünster, alla frapper du pied à la porte de l'abbaye, dans la cour de laquelle il se coucha à terre, indiquant ainsi que c'était là qu'il devait être déchargé de son précieux fardeau..."

 

Aimé Reinhard : Le mont Saite-Odile et ses environs 1888.

 

"...Hugues le Peureux est le plus fameux et le mieux connu des Etichonides. Les éléments présentés dans les pages qui précèdent, permettent d'entrevoir la personnalité de celui que l'on a qualifié d'"âme damnée de Lothaire". Il est d'un type assez commun dans la vie politique de toutes les époques : de belle prestance, aimant le faste, mondain, habile manoeuvrier, préoccupé essentiellement de ses intérêts personnels et de ceux de sa famille ; par ailleurs tout à fait dépourvu des capacités d'homme d'Etat et de chef militaire.

 

Par une ironie du destin, cet homme assez méprisable est devenu un héros de récit pieux : le souvenir de Hugues et d'Aba s'était en effet maintenu à Niedermunster dont ils avaient été les bienfaiteurs et s'était mué en légende...."

 

Bulletin philologique et historique : Christian Wilsdorf : 1964.

Musée d'Obernai : vitrail de Niedermünster.

Niedermünster et Hohenbourg : l'histoire du déclin

"Elle (Ursule de Rathsamhausen, abbesse ou gouvernante abbatiale de Niedermunster)  venait le Samedi après la Saint Martin (1542) de quitter Niedermunster pour se rendre à Barr auprès de ses parents les sires de Rathsamhausen lorqu'un incendie, résultat probable de la malveillance ; gagne de proche en proche depuis les appartements de l'abbesse, et rend pour toujours inhabitable l'abbaye inférieure.

 

Les chanoinesses alors se dispersent de nouveau ; deux ou trois d'entr'elles, pauvres femmes vieillies dans les cloîtres et qui ne savent pas chercher d'autre asile, recueillent pieusement dans les décombres quelques restes de la croix du calvaire de Niedermünster et vont avec cette relique se retirer à Hohenbourg. Mais les incendies, ces ennemis constants des deux églises, ne devaient pas les y laisser abriter longtemps leur vieillesse. Elles avaient retrouvé dans le chapitre de Hohenbourg le mépris des règles canoniques qui d'accord avec les flammes avait amené l'abandon de Niedermünster.

 

C'était à peine si depuis les pillages des paysans l'église avait été remise en état ; les revenus de l'abbaye, déjà bien amoindris, il est vrai, s'étaient dépensés en oeuvres profanes et entr'autres pour l'emménagement d'une maison de bains. Tout à coup,  le jour de l'Annonciation 1546, un incendie, allumé suivant la tradition par le feu du ciel, éclate dans cette partie des bâtiments, pendant que la jeune abbesse élue depuis quatre ans est aux bains.

 

Elle n'a que le temps de fuir à peine vêtue et les flammes poussées par un vent violent dévorent bientôt avec la maison des bains et les diverses autres constructions accessoires. Puis elles gagnent l'église et détruisent une grande partie des cloîtres. Les cloches tombent avec fracas du haut de la tour et fondent dans le brasier. La chapelle seule qui renferme le tombeau de Sainte Odile est en partie préservée ; et au témoignage de Hughes Peltre, lorsqu'après l'extinction du feu on parvient à s'en approcher, on trouve le missel de l'autel  entièrement réduit en cendres à l'exception d'une seule page où se lisent ces mots du rituel : "Tout ce que tu ordonnes contre nous, ô Seigneur, est mérité, car nous avons méconnu tes saintes lois !"

 

Cet incendie de 1546 fut le dernier auquel voulurent rester exposées les mondaines héritières des cloîtres sanctifiés par la patronne de l'Alsace."

 

Revue d'Alsace : Sainte-Odile et le Heitenmauer 4ème année 1853 L. Levrault.

Niedermünster : François Walter : Vues Pittoresques d'Alsace, abbé Grandidier 1785.

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Commentaires: 1
  • #1

    Henriot (samedi, 25 juillet 2015 14:46)

    Belle article

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