D'Oberlarg au Morimont

Oberlarg - Les Ebourbettes - Rocher de la Sorcière - Morimont - La Vacherie - Oberlarg

Description de la randonnée
Départ

Oberlarg, à proximité de l'église.

Propriétés

Distance : 9 km

Dénivelé : 320 m

Restauration :

Carte IGN : 3621 ET

Remarques 

Petite randonnée dans le Jura alsacien et

découverte de la ruine du Morimont.

Prendre le chemin (triangle bleu qui monte au Senniwald. 

 

Rejoindre ensuite Les Ebourbettes (triangle jaune).

 

Par le sentier (rectangle jaune) rejoindre le rocher de la Sorcière et l'auberge du Morimont.

 

Un chemin (circulaire rouge) permet de rejoindre la ruine du Morimont et de revenir à l'auberge par l'Allée des Seigneurs.

 

Rejoindre Oberlarg (rectangle jaune) puis D 41.

 

NB: le passage par le lieu-dit la Vacherie qui figure sur les anciennes cartes a été supprimé.

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A propos du Morimont

"Un noble de Moersperg, dans le courant du quinzième siècle (ce serait Gaspard, selon Baquol, dernière édition), fut envoyé en ambassade à Constantinople. Là il fut retenu prisonnier au château des Sept-Tours. A son retour, il fit édifier son manoir sur le plan de cette célèbre forteresse.

 

Cette tradition paraît à M. Quiquerez en désaccord complet avec les données de l'histoire. Il ne voit indiqué nulle part et trouve même très invraisemblable que, entre 1453, date de la prise de Constantinople par les Turcs, et la fin du siècle, les empereurs d'Allemagne, surtout un empereur tel que Frédéric III, aient envoyé un Moersperg ou tout autre personnage en ambassade auprès de ces mêmes Turcs, tandis qu'il est plus naturel, selon lui, d'admettre que c'est Pierre de Moersperg, père de Gaspard, qui a construit le Morimont, du moins dans ses parties principales, après son retour des ambassades près du roi de France Charles VII, et sur le modèle soit du château de Boisiramé, près de Bourges, soit du château de la Bastille, à Paris, forteresses qui, l'une comme l'autre, présentaient une grande analogie de formes et d'appareils de défense avec la forteresse de Morimont, qui, de son côté, ne ressemblait en rien aux autres châteaux soit d'Alsace, soit de Suisse.

.....

Après le traité de réunion de 1648, Louis XIV fit don de la seigneurie de Morimont et de son château incendié qui n'a pas été rétabli, à M. de Vignacourt, lieutenant-colonel, dont les descendants l'ont possédée jusqu'à la Révolution française. Pendant les denières années du dix-huitième siècle et les premières de celui-ci, la ruine du Morimont, avec la métaierie qui l'environne, a été la propriété de M. Bruat, père du célèbre amiral. Vers 1806 enfin, le domaine a été acquis par l'aïeul de M. Aron Meyer*, le propriétaire actuel."

 

* NB : en 1870 ses descendants le vendent à la famille Vieillard de Granvillars.

Extraits du Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d'Alsace 1864-1865. 

 

"... Robert de Vignacourt, chevalier, lieutenant-colonel au régiment de la Suse, commandant pour le roi dans les villes de Porrentruy et de Sainte-Ursanne, reçut en don la seigneurie de Morimont (1641) : ce don fut converti en fief en 1654. A sa mort (1683), Robert eu pour héritier un de ses parents, Antoine de Vignancourt, dont les enfants se partagèrent, en 1723, la seigneurie de Morimont : Robert-Conrad eut le village de Larg ; Luffendorf ou Levoncourt échut à François-Henri-Joseph dit M. de Vosel ; Ottendorf ou Courtavon fut partagé entre Humbert et Etienne et le cinquième frère eut le château de Courtavon, bâti par les ancêtres en 1687.

 

Ce fut M. de Vosel qui; de concert avec son frère Etienne, fit bâtir, en 1755, le nouveau château de Morimont...."

 

L'Alsace Noble : Ernest Lehr 1870.

Les seigneurs de Morimont et la naissance de la Confédération Helvétique

" ... Vassaux des comtes de Ferrette pour leur seigneurie de Morimont, ils durent suivre leur suzerain à la guerre. A l'extinction de ces comtes, en 1324, par la mort d'Ulrich III, Jeanne, sa fille ainée, épousa le duc Albert d'Autriche, et porta à ce prince la plupart des domaines de la maison de Ferrette. Alors on vit les Morimont s'attacher à ces nouveaux suzerains, les suivre à la cour et à la guerre ; et quand un de ces princes, Léopold, vint attaquer les Suisses à Sempach, en 1386, les chroniques nous disent que quatre nobles de Moersperg y furent tués avec lui. Elles les nomment Théobald, Werner, Wezelo et Walter....

 

... L'historien Jean de Muller, après avoir compulsé toutes les chroniques qui parlent de la bataille de Sempach, dit que six cent cinquante six comtes, seigneurs et chevaliers y perdirent la vie, et que la splendeur de la maison d'Autriche s'éclipsa pour bien des années.

 

...Pierre de Morimont joua un rôle important dans l'histoire de l'Alsace et de la Suisse. Attaché comme son frère Conrad à la cour d'Autriche, il y puisa cette haine que partageait alors le plus grand nombre des familles nobles de la contrée. Pierre de Morimont, Thomas de Falkenstein, Bourcard Münch de Landskron et le fameux Rechberg furent quatre des plus célèbres chevaliers de l'Autriche antérieure. Aussi avantureux que Rechberg et Falkenstein, il sut cependant ajouter les ruses de la diplomatie à ses grands coups de lance et d'épée. Il fit tout le mal qu'il put aux Confédérés ou cantons suisses, autant pour servir l'Autriche que pour assouvir sa haine contre ces hommes libres qui osaient secouer le joug des archiducs...."

 

Revue d'Alsace 1859 : Notice historique sur le château de Morimont : A. Quiquerez.

Reproduction : un des chevaliers de Morimont mort à Sempach : extrait du tableau se trouvant au monastère de Koenigsfelden ; on remarquera les armoiries :  cinq points équipolé d'argent à quatre de gueule.

Le Morimont ou le "Grütli" jurassien

"... De même que le Tessin devait définir sa position dans le champ de sa double appartenance entre helvétisme et italianité, le Jura avait à construire son idendité entre le républicanisme français et la Confédération suisse. L'adoption du modèle helvétique s'exprime par exemple dans le fait que le mythe fondateur de la Suisse représentait une référence manisfestement appréciée des libéraux jurassiens lorsqu'ils se sont réunis en 1826 dans les ruines de Morimont pour prêter le serment de la liberté - le "grütli jurassien"...."

 

NB : En 1830 les Jurassiens s'organisent pour résister à la perte de leur autonomie face au canton de Berne. Le 23 juin 1974, par 36802 Oui contre 34057 Non, le peuple des 7 districts du Jura décide de créer un nouveau canton

 

La Suisse chemin faisant : Pluralisme culturel et identité nationale : Georges Kreis 1994.

L'évasion du général Giraud

"Après deux années de préparation, le 17 avril 1942, Giraud franchit le mur de la forteresse, lance sa corde dans le vide et, avec l'agilité d'un jeune homme, s'échappe de la forteresse. Huit cent kilomètres d'un périple extrêmement dangereux l'attendent, car Hitler, informé de cette évasion, a lancé plusieurs dizaines de milliers d'hommes à ses trousses.

...

Avec Georges Guerlach, le guide lorrain envoyé à sa rencontre, Giraud prend le train à la gare de Bad-Schandau sous l'idendité de Heinrich Greiner, industriel alsacien de Ste-Marie -aux-Mines. Le général évite les contrôles ou les franchit sans encombre en recherchant avec un culot qui laisse pantois, la compagnie d'officiers allemands avec qui il discute de la stratégie militaire du général Rommel en Afrique.

 

Il arrive ainsi à Mulhouse le 19 avril, avec un jour de retard. Le plan d'origine qui prévoit un passage par Chavannes-sur-l'étang puis une fuite en voiture juqu'à la ligne de démarcation, ne peut plus être employé.

 

On décide donc de faire passer le général par la Suisse. Il est pris en charge par René Ortlieb*, sous-officier de réserve et hôtelier à Thann, qui loue à cette époque la chasse de Liebsdorf, ce qui lui permet de venir régulièrement dans ce coin du Jura, sans attirer les soupçons. René Ortlieb conduit Giraud à travers le Sundgau vers Liebsdorf. Le presbytère est un refuge sûr : le général va y rester juqu'au mercredi 22 avril. A la demande du père Stamm*, c'est le garde-forstier Kupfer, qui habite le village, qui se charge de conduire Giraud à la frontière par Oberlarg, puis la ferme des Ebourbettes, située à seulement 50 m de la frontière suisse. Grâce à la complicité de la famille Latscha/Richard, le passage va pouvoir se faire sans problème.

....

* déporté et exécuté en 1945.

D'après Pascal Froehly, secrétaire de Mairie de Liebsdorf : Sundgau sans frontières.

Voir aussi le bulletin communal de Liebsdorf du 15 mai 2009.

Photo : ferme les Ebourbettes : Panoramio : rolift.

 

Le rayonnement de l'abbaye de Lucelle

"... L'abbaye de Lucelle grandit rapidement en observant les austères préceptes de saint Bernard et ne tarda pas à former, à son tour, de nombreux monastères où l'on envoyait, en souvenir du Christ et des douze apôtres, un abbé accompagné de douze religieux destinés à former le noyau de chaque nouvelle communauté.

Les monastères d'hommes établis en Alsace par celui de Lucelle étaient :

  1. Neubourg, près de Haguenau, fondé en 1128 ; qui eut pour premier abbé Udalric, religieux de Lucelle et parent de l'évêque Bertulfe.
  2. Pairis qui date de l'année 1138, fondé par le comte Ulric d'Eguisheim.
  3. Baumgarten, au pied de l'Ungersberg et non loin de Nothalten, fondé vers 1148 ; ce couvent reçut de nouveau des religieux de Lucelle en 1515 et fut peu après ruiné, en 1525, par les paysans révoltés qui s'étaient attroupés dans ses environs.
  4. Citons encore Eussersthal dans la vallé de la Queich, près de Landau et près du château de Trifels dont les religieux desservaiet la chapelle.

Les monastères de femmes du même ordre ne furent pas moins nombreux. C'étaient d'abord

  1. Petit-Lucelle (Klein Lutzel) fondé en 1138 par les comtes de Ferrette.
  2. Michelbach, devenu le prieuré de Saint Apollinaire.
  3. Michelfeld, près de Saint Louis et Bâle.
  4. Blatzheim ou Blotzheim, dépendant de Lucelle.
  5. Marie-Auen, au pied du Vieux-Brisach, qui cessa d'exister en 1525.

 

de la filiation de Lucelle provient encore le monastère de Koenigsbruck dans la forêt de Haguenau (non loin de Reschwog), ruiné par Mansfeld en 1621, dont les religieux ont été, par suite de ce désastre, établis à Haguenau ; enfin la élèbre abbaye de Lichtenthal près de Bade, fondée en 1545.

 

L'abbaye de Lucelle : fragment d'histoire littéraire : Revue d'Alsace 1855 : A. Coste.

 

"...depuis sa réunion à la France son trésor avait suffi pour bâtir tous les édifices du monastère, pour soutenir bon nombre de procès, pour accroître ses acquisitions et faire des emplètes de vins ordinaires et étrangers ; si considérables et de si bon cru, que le cellerier du Prince-évêque de Bâle en était jaloux.

 

Les équipages de l'abbé n'étaient guère moins somptueux que ceux de ce prince. Sa voiture à trois places était peinte en vermillon avec des dorures, et doublé de drap et de soie cramoisis, elle lui coûtait, en 1768, plus de trois mille francs et c'était le père des Erard ; les fabricants de pianos de Paris, qui la lui avait faite, en partie à Lucelle.

 

La table de Lucelle était renommée ; on disait qu'il pouvait arriver, à onze heures du matin, vingt cinq convives de distinction, sans retarder le diner de plus d'une heure. Les trois étangs de l'abbaye et les rivières de Lucelle et de l'Allaine fournissaient le poisson ordinaire. Des chasseurs attitrés et des moines, s'adonnant à la chasse, procuraient la venaison. La basse-cour de Lucelle était la plus peuplée de touites celles du pays ...

 

... Du reste Lucelle jetait son dernier éclat : ses richesses ne pouvaient sauver ce monastère de la ruine qui menaçait tous ceux de la France. Quand la tempête de 1789 commença à gronder, elle retentit  à Lucelle, comme dans tout le royaume. En 1790, les moines furent dispersés et cette fois pour toujours. ..."

 

Revue d'Alsace 1864 : Histoire de l'Abbaye de Lucelle : A. Quiquerez.

 

Photo : maquette de l'abbaye.

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