Description de la randonnée |
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Départ |
Mittelwihr : parking près de l'Hotel 'le Mandelberg". |
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Propriétés |
Distance : 15.5 km Dénivelé : 330 m Restauration : il y a de nombreux restaurants à Riquewihr et dans les autres villages traversés. Carte : 3718 OT |
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Remarques |
Une belle randonnée à travers le vignoble dans le piémont des Vosges qui permet de visiter quelques villages pittoresques comme Zellenberg, Hunawihr ou Riquewihr.
L'itinéraire permet aussi de découvrir la colline des amandiers de Mittelwihr et traverse les territoires de grands crus célèbres comme le Mandelberg, le Sonnenglanz, le Froehn ou le Schoenenburg.
Un crochet par la Nécropole de Sigolsheim nous rappelle le souvenir de la Libération de la poche de Colmar.
A faire au printemps quand les amandiers sont en fleurs ou en automne quand le vignoble se couvre d'or.
NB : le parcours à travers le vignoble n'est pas balisé. Il faut se repérer par rapport aux villages à traverser. L'itinéraire est aussi adapté aux VTT et VTTAE.
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Parking situé à proximité de "l'Hôtel Le Mandelberg" à Mittelwihr.
Suivre le chemin du Mandelberg qui passe derrière l'Hôtel. Ce chemin débouche sur un carrefour.
Prendre à gauche le chemin bordé d'amandiers qui passe derrière la maison et passe à proximité d'un réservoir.
Poursuivre tout droit pour rejoindre Beblenheim que l'on aperçoit au loin. Traverser le village en empruntant à droite la rue des Vosges, puis à gauche la rue Weinbrenner et rejoindre la rue Christian Pfister.
Monter la rue de Zellenberg pour traverser le vignoble du Sonnenglanz. et déboucher sur la D 3.2 qui mène à Zellenberg que l'on aperçoit perché sur sa colline.
Monter la route et à proximité de l'auberge du Froehn, rejoindre à gauche le chemin qui permet de faire le tour du village et atteindre un point de vue.
Descendre la rue du Schlossberg jusqu'à l'église et à la maison du perruquier de Moscou.
Rejoindre la Route des Vins, la traverser, suivre la rue Hartweg jusqu'à aboutir à un carrefour.
Prendre à droite le chemin qui mène à Hunawihr. Arrivé en vue de l'église, se diriger vers le bas du village pour rejoindre la fontaine Sainte-Hune.
Rejoindre l'église de Hunawihr puis, suivre la petite route de Riquewihr balisée chevalet vert jusqu'au carrefour. Tourner à gauche puis à droite pour emprunter le chemin panoramique du Schoenenburg qui offre une vue plongeante sur Riquewihr.
Au carrefour, descendre à droite sur Riquewihr.
Pénétrer dans Riquewihr par la rue Jacques Preiss et la rue du Général de Gaulle puis, tourner à gauche dans la rue de la 1ère Armée.
Sortir de Riquewihr et suivre la route de Mittelwihr jusqu'au chemin du Buchshof. Passer, à droite devant le Buchshof pour atteindre la Nécopole de Sigolsheim.
Après avoir visité la Nécropole, rejoindre le Mémorial et redescendre su Mittelwihr.
Parking situé à proximité de "l'Hôtel Le Mandelberg" à Mittelwihr.
De la Réforme
"A propos du Petit-Château de Beblenheim et des localités protestantes qui environnent Colmar, on peut faire remarquer que la Réforme y a été introduite par les Princes de Wurtemberg-Montbéliard qui, par héritages de famille, traités ou alliances, avaient possédé fort longtemps des droits de suzeraineté sur Riquewihr, Beblenheim, Hunawihr, Ostheim, Wihr-en-Plaine, Horbourg, Andolsheim etc. Hunawihr, avec son église fortifiée par un mur à bastions et à créneaux, est un témoignage vivant des luttes religieuses de la Réforme. Cette église sert, aujourd'hui encore, à l'exercice des deux cultes, la nef où officie le pasteur étant séparée par un grand rideau du coeur où le curé dit sa messe. Dans cette commune adoration d'un même dieu, les deux ministres et leurs ouailles vivent en très bonne intelligence.
N'était-ce pas un fait curieux et étrange que cette principauté de Montbéliard constituant une enclave allemande et luthérienne dans le département français du Doubs et appartenant à des comtes de Wurtemberg ? Prise en 1444 par le dauphin Louis XI, et en 1696 par Louis XIV, elle fut rendue à ses possesseurs par le traité de Ryswick. Les français s'en emparèrent encore en 1796 et le traité de Lunéville, en 1799, en assura la réunion définitive à la France.
Ce qu'il y a de particulièrement curieux et doit faire réfléchir le philosophe, c'est que dans tous les villages que j'ai cités plus haut le monde protestant a pour lui la grande possession territoriale, conséquemment à prédominance de la richesse, tandis que le monde catholique moins bien partagé, constitue le prolétariat travailleur mais pauvre. C'est un fait patent : tous les ouvriers sont catholiques et piochent les vignes de leurs seigneurs et maîtres. Si j'étais socialiste je dirais qu'il y a une inégalité flagrante dans la répartition des biens de ce monde.
Mais l'impartialité nous oblige à reconnaître que, de tout temps, l'élément protestant, quoique ou parce que en minorité, a su se distinguer par sa haute intelligence des affaires, son esprit spéculatif, ses aptitudes remarquables pour l'industrie. De grandes fortunes, honorablement conquises, sont sorties de ce coin de l'Alsace en même temps que des hommes de valeur qui ont fait honneur aux lettres, à la science et à l'armée, animés de ce souffle créateur qui, comme André Kiener, né à Hunawihr, nous l'a montré, ont su fonder des oeuvres grandes et durables.
Autre phénomène ; comment se fait-il que Zellenberg, entouré et serré par tous les éléments dissidents de la principauté de Montbéliard-Wurtemberg, soit resté catholique comme, du reste, Bennwihr, sa voisine ? C'est que de ces deux localités, la première était puissamment défendue par son château-fort, dont il ne reste plus que quelques vestiges, et faisait partie avec sa voisine du domaine direct de l'évèché de Strasbourg...."
Charles Gouzwiller : Souvenirs d'Alsace 1898
L'église fortifiée de Hunawihr.
"En 1648, lors du traité de Munster, l'Alsace n'était pas le pays unifié que l'on imagine d'ordinaire. Elle était formée d'une série de principautés, de petits états appartenant à des souverains différents. Le bloc le plus important de ces états était formé par les terres que la maison d'Autriche tenait en Alsace. Le traité de Munster accordait à la France tous ces territoires autrichiens administrés par les archiducs et dont la capitale était Ensisheim. Thann, Altkirch, Ferrette, Delle, Belfort en faisaient partie. Toutes ces terres n'étaient pas de langue germanique ; on parlait français à Ferrette, Delle et Belfort. A l'Autriche encore se rattachaient Masevaux, le château du Hohkönigsbourg, la ville de Villé en partie, terres que le besoin d'argent avait forcé l'Autriche à aliéner.
Le traité assurait à la France encore 40 villages d'empire groupés autour de la forêt de Haguenau. Tous ces pays étaient entièrement catholiques en vertu du principe vulgaire que la religion du prince doit être celle de ses sujets, les dissidents religieux devant s'établir là où leur religion était admise.
Mais la France, en prenant possession de ces terres, avait pris l'engagement d'en extirper le protestantisme et elle n'eut garde d'y manquer.
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La guerre de Trente ans avait fait de ce pays un désert. On s'efforça d'y attirer des sujets étrangers, mais qui devaient être de religion catholique. Ainsi, à l'heure même où l'Edit de Nantes était encore en vigueur en France, aucun réformé français n'avait le droit de s'établir dans la partie de l'Alsace devenue française.
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En 1648, la seigneurie de Ribeauvillé était aussi réunie à la France. Elle appartenait au XVIème siècle à la famille de Ribeaupierre. Ses membres, protestants, pouvaient célébrer leur culte dans leur château avec leur famille et leurs fonctionnaires. Mais ils ne purent, en vertu du principe rappelé plus haut, introduire leur religion dans les villages qui dépendaient d'eux parce que ceux-ci étaient fiefs soit de l'évêque de Bâle, soit de l'évêque de Strasbourg, soit encore des archiducs d'Autriche. Au contraire, dans leurs terres dites allodiales, c'est-à-dire possédées en propre, ils pouvaient imposer leur religion. Ce fut le cas pour Gunsbach et Griesbach dans la vallée de Munster, pour la moitié de Sainte-Marie-aux-Mines, où la réforme fut introduite dans ses deux formes, luthérienne et calviniste.
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L'intervention des autorités françaises dans les seigeuries d'Alsace appartenant aux princes de Montbéliard procura aux protestants qui les habitaient les plus sérieux ennuis. Il fallut supporter en silence ; mais, en 1791, à cette date qui paraissait inaugurer une ère nouvelle de liberté, les protestants de ces seigneuries adressèrent à l'Assemblée nationale une plainte contenant un résumé instructif de ce que leurs pères avaient à souffrir. Ils constatent d'abord que "le culte public, la liberté de conscience et toutes les annexes, tels que consistoires, universités, écoles, pasteurs et vicaires, ainsi que la propriété des églises, fabriques et biens, tels qu'ils étaient possédés en 1624, ont été assurés aux protestants d'Alsace par le traité de Westphalie de 1648, confirmé par tous les subséquents".
C'est à cette condition que l'Alsace a été cédée à la France ; mais en réalité, les protestants "ont été opprimés pendant une longue suite d'années".
Par exemple, une déclaration du mois de juin 1683 défendait aux catholiques de changer de religion, tandis que les protestants passés au catholicisme recevaient "des grâces, répits et exemptions qui n'ont que trop souvent déterminé les mauvais sujets à se jouer de la religion" ; une simple lettre de M. Le Blanc obligeaient les protestants à partager leurs égllises et leurs cimetières avec les catholiques, dès qu'il y avait sept familles de ces derniers dans un village, sans réciprocité pour les protestants. On est allé plus loin ; on a expulsé entièrement les protestants de plusieurs églises dont ils étaient en possession en l'année normale ; on a interdit les mariages mixtes en 1683 ; les bâtards des filles protestantes devaient être élevés dans la religion catholique : les protestants étaient exclus des places de judicatures, notaires, tabellions, greffiers fiscaux, prévôts, etc...."
Histoire de la Réforme Française : John Viénot 1934.
La Sainte Lavandière
"...A trois lieues de Colmar, dans une charmante situation, entre Zellenberg et Ribeauvillé, on voyait autrefois le château seigneurial dans lequel vivaient le vertueux Huno et sa sainte épouse Hunne. Ce château a donné son nom à un beau village appelé Hunawihr. Le sang de sainte Odile coulait dans les veines de cette noble femme, car elle était alliée au duc Adalric. Comme une autre Anne, elle demanda à Dieu de la postérité. Le seigneur exauça ses voeux, et elle mit au monde un fils. Hunne l'offrit à l'Eternel et le consacra au service des autels. Ce jeune rejeton d'une illustre famille avait été baptisé par saint Dié, évêque de Nevers, qui habitait alors l'Alsace. Le saint prélat lui avait donné son nom et l'avait reçu plus tard au nombre de ses religieux, à Ebersmunster, où il mourut en odeur de sainteté. L'histoire n'en parle presque pas.
Sainte Hunne avait été la bienfaitrice de ce dernier monastère, et, de concert avec son époux, elle lui avait donné une partie de ses biens situés à Siegolsheim et à Mittelweier. Saint Dié, qui gouvernait alors les abbayes d'Ebersmunter et de Jointure, en Lorraine, visitait souvent le château de Hunne, et contribua, par son exemple, et ses exhortations, à l'avancement spirituel de cette humble servante de Dieu. On admirait en elle une tendre compassion envers les pauvres et les malheureux. Son château était l'asile où se réfugiaient les nécessiteux de la contrée ; car elle ne leur fit pas seulement des largesses en argent, elle soignait leurs infirmités, leur rendait les services les plus bas,et on a montré logntemps après sa mort, une fontaine où elle ne rougissait pas d'aller laver les habits des pauvres ; ce qui lui fit donner le surnom de Sainte Lavandière.
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L'histoire ne nous apprend pas en quelle année elle cessa de vivre ; mais ce qu'elle n'a pas oublié de nous tranmettre, c'est que Hunne mérita le nom de sainte princesse pendant sa vie, et que sa mort plongea dans le deuil et l'affliction tous ceux qui l'avaient connue.
Hunne est la patonne des laveuses en Alsace ; ce que nous avons dit suffit à donner l'explication de ce patronage.
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Sainte Hunne fut enterrée dans l'église du Château, et les fidèles l'invoquèrent aussitôt. Elle continua d'être en grande vénération jusqu'en 1520 ; alors le duc de Wurtemberg s'adressa au pape Léon X et demanda sa canonisation solennelle. Le souverain Pontife acquieça aux voeux du duc, et Hunne fut inscrite solennellement dans le catalogue offiel des Saints. Son corps fut exposé à la vénération publique le 15 avril de la même année.
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Cinq ans après, pendant la guerre dite des Rustauds, son tombeau fut profané ; la châsse qui renfermait les reliques resta pourtant intacte ; mais en 1549, les habitants de Hunawihr, ayant embrassé le luthéranisme, se précipitèrent en furieux sur le tombeau de la Sainte, brisèrent la châsse, en tirèrent les respectables restes, et les jetèrent au vent comme une vile poussière qui ne méritait pas d'être conservée..."
Mgr Paul Guérin : Les Petits Bollandistes - Vie des Saints 1876.
Jean Macé et le Petit-Château de Beblenheim
"Il naquit à Paris, le 22 avril 1815, au numéro 16 de la rue du Jour, non loin de la rue Jean-Jacques Rousseau, où plus tard il devait fixer le siège social de la Ligue de l'Enseignement.
Sa famille n'était pas riche : pour subvenir aux besoins des siens, son père, normand d'origine, et complètement illettré, conduisait une voiture de roulage sur la route de Paris à Bordeaux ...
En 1825, il obtint une bourse au collège Stanislas, où il resta jusqu'en 1835. Il y eut John Lemoine pour condisciple. Ses études furent couronnées par un prix de philosophie, qui lui valut un modeste emploi, résilié bientôt pour entreprendre un voyage en Allemagne. Il se rendit à pied jusqu'à Hambourg, mais là, se trouvant à bout de ressources, et désirant ardemment rentrer en France, il s'embarqua sur un voilier en partance pour le Havre, sous condition d'acquitter le prix du passage en aidant les matelots aux plus pénibles travaux du bord.
Rentré à Paris, il trouva au collège Stanislas un emploi de répétiteur qu'il conserva jusqu'à l'âge de la conscription. Le sort lui ayant amené un mauvais numéro, il fut incorporé à Rouen au 1er régiment d'infanterie légère où il devint caporal d'habillement. Au bout de trois années, un de ses anciens professeurs, Théodore Burette, le libéra du service en lui payant un remplaçant, et le prit comme secrétaire. C'est à cette époque qu'il commença à publier à la Revue des Deux Mondes et à la République, une série d'articles et d'études qui furent très remarqués.
La révolution de 1848 le secoua violemment et lui ouvrit un monde où il se jeta avec toute l'ardeur de la jeunesse. Une brochure, Lettres d'un garde national à son cousin, signée Jean Moreau, l'obligea à se cacher quelque temps, après le 13 juin 1849. C'est à ce moment qu'il épousa une femme de modeste condition qui fut pour lui jusqu'à la mrot, la compagne la plus vertueuse et la plus dévouée.
Dès les jours de février, il ne s'était pas senti rassuré : "La proclamation du suffrage universel, disait-il, m'avait fait froid dans le dos. "Les évènements venaient de lui donner raison. Il sentait que le peuple, complètement ignorant, n'était pas en état d'exercer ses droits souverains et que, au contraire, sa puissance serait un danger. Il s'agissait donc de l'éclairer ; c'est à cela qu'il résolut de consacrer sa vie et son savoir, dès que les circonstances le lui permettraient.
Quand vint le coup d'état du 2 décembre, Jean Macé, qui était signalé comme dangereux, se réfugia dans un village d'Alsace chez des amis politiques, qui l'accueillirent affectueusement.
Il y avait alors à Beblenheim, un pensionnat de jeunes filles connu sous le nom de Petit-Château. La directrice de cette institution, Mlle Vernet, offrit à l'exilé un poste de professeur, ainsi qu'un pavillon où il s'installa avec sa femme.
C'est là que, pendant dix années, dans le calme de la retraite, il écrivit ces beaux ouvrages, dont plusieurs sont de véritables chefs-d'oeuvres : l'Histoire d'un bouchée de pain, les Contes du Petit-Château, la Grammaire de Mlle Lili, les Serviteurs de l'estomac, une Morale en action, etc. Avec Hetzel, il fonda le magasin d'éducation et de récréation de la jeunesse.
Ce fut en 1866 qu'il put enfin se donner au rêve qu'il caressait depuis longtemps : l'instruction du peuple, seule condition de salut. Le 25 octobre de cette année, il posa la première pierre de la Ligue de l'Enseignement en lançant un appel au public dans le journal l'Opinion Nationale. Aussitôt les encouragements affluèrent et la Ligue fut fondée.
Survint la guerre de 1870. Le pensionnat du Petit-Château dut être transféré à Monthiers, près de Château-Thierry.
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En 1883 il fut élu sénateur inamovible. Par cette élection, le Sénat payait la dette de la République reconnaissante.
Jean Macé est mort le jeudi 13 décembre 1894, à Mouthiers, près de Château-Thierry, où il s'était fixé ; il allait avoir 80 ans."
Portait et Biographie de Jean Macé : la Ligue de l'Enseignement 1896
Le tonneau du pasteur
"... Vous savez, chers amis, que j'ai rempli pendant plusieurs années les fonctions de diacre à Munster ! ... - ... Eh bien, continua-t-il, aujourd'hui et à cette heure, il y a quarante ans que je pris à Munster possession de mon tonneau, rempli alors du meilleur vin.
Feu mon père, que Dieu l'en récompense en paradis, m'en avait fait cadeau lors de mon vingt sixième-anniversaire, pour célébrer l'âge de la majorité que je venais d'atteindre. Mais arrivé à la porte de ma demeure, un accident que je garderai bien d'appeler un jeu de hasard, effaroucha tellement le cheval de la charrette, que je vis en un clin d'oeil mon cher cadeau jeté à terre ; plusieurs cercles en étaient sautés et le précieux jus de la treille s'en échappait à grosses gouttes. Je fis bien vite chercher mon tonnelier, mais il était absent ; j'envoyai auprès d'un autre, on ne put plus le trouver, lorsque heureusement le ciel m'amena un jeune garçon de douze à treize ans, qui "sponte suâ", de son propre mouvement, alla de suite chercher d'autres cercles, ainsi que son père, qui était pareillement tonnelier.
Sans perte de temps on se mit à l'ouvrage, si bien qu'en peu de moments le dommage se trouva réparé, et le tonneau qui venait de faire naufrage au port fut transporté à la cave.
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La bonne volonté et la promptitude du jeune homme à m'aider dans mon embarras, sa physionomie ouverte et intéressante, ses réponses ingénieuses et naïves, tout cela m'avait tellement touché, tellement prévenu en sa faveur, que je lui fis promettre de me venir revoir le lendemain. Il tint parole. Les excellentes qualités que je découvris encore en lui me le firent aimer tendrement, et en peu de temps, je ne pouvais plus me passer de lui, comme aussi il ne pouvait plus vivre sans moi. Je l'instruisis dans les langues, les mathématiques, la géographie, l'histoire, et surtout dans l'histoire du pays ; et tels y furent ses progrès qu'en peu d'années il égala son maître.
Et que pensez-vous, Messieurs, ajouta-t-il, que le jeune homme soit devenu ? - C'est aujourd'hui un savant plein de mérite, un homme distingué et célèbre..."
... il se leva et porta tout rayonnant de joie, le toast suivant :
"A M. Lamey, conseiller de la cour et bibliothécaire en chef de son altesse sérénissime l'électeur bavaro palatin, et secrétaire perpétuel de l'académie de siences à Mannheim !
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Mon tonneau a opéré de plus grands miracles encore ; mais, pour les expliquer, je me vois obligé de vous ramener dans la jeunesse de mon ami. Vous savez, me dit-il, en s'adressant de nouveau à moi, vous savez que la famille de feu M. Schoepflin demeurait de mon temps à Munster, que son père y finit ses jours et qu'il y avait deux soeurs établies, l'une mariée à M. Eccard, premier pasteur de la ville et de la vallée, et l'autre à moi. Le professeur nous étant venu voir entre autres pendant la dernière moitié de mon séjour à Munster, la conversation tomba sur l'histoire de mon tonneau, ainsi que sur le trésor qu'il m'avait procuré. Ce fut à cette occasion qu'il fit la connaissance de M. Lamey, et digne appréciateur du vrai mérite, ne tarda pas à prévoir le précieux parti qu'il pouvait tirer du jeune homme pour son ouvrage gigantesque (l'Alsatia illustrata), dans lequel il se trouvait déjà fortement engagé. Dés lors, il conçut le dessein de l'associer à ses glorieux travaux..."
Revue d'Alsace 1835 : propos du pasteur Andreas Brauer rapportés par le pasteur Lucé dans "Une soirée au presbytère de Hunawihr".
Le perruquier de Zellenberg
"... La famille de mon beau-père, alors percepteur à Lapoutroie, était originaire de Zellenberg, petit bourg situé sur un contrefort des Vosges, à deux lieues de Colmar et dont le vignoble partage la renommée de celui de Riquewihr situé tout près.
Il y possédait l'ancienne maison russe d'où l'on découvre un des panoramas les plus splendides de l'Alsace. Par un temps clair, on y voit, Vieux-Brisach, la Forêt-Noire, la ligne blanche du Rhin et dans l'horizon lointain, estompé comme une brume violette, la cathédrale de Strasbourg. Dans le voisinage immédiat, les trois châteaux de Ribeauvillé, ces nids d'aigles suspendus sur des précipices, complètent le décor de ce paysage unique.
Ainsi que l'indique une inscription gravée sur la façade, la maison fut construite dans la seconde partie moitié du siècle dernier par un sieur Joseph Muller, natif du village, qui était allé exercer sa profession de perruquier de l'ancien régime en Russie où il avait fait fortune en poudrant à frimas les jeunes beautés moscovites, fières comme toujours d'imiter les mœurs françaises.
Cet aimable Figaro séduisit, par l'élégance de ses manières, une jeune russe d'origine aristocratique, sinon morganatique, qu'il épousa à Moscou et amena en France. Elle s'appelait Eudoxia Dischkeva et a continué longtemps après la mort de son mari, à habiter la maison ; après avoir convolé en seconde noces.
L'ancien coiffeur, qui possédait de nombreux arpents de vigne, avait eu soin de construire sous sa maison une grande cave voûtée pour y loger les énormes foudres contenant ses récoltes. Il paraît que la très consolable Eudoxia n'a pas fait le bonheur de son second époux, M. Drolla. Comme certaine princesse de Wurtemberg-Montbéliard, elle avait la passion des chiens ce qui agaçait les nerfs de l'irrascible mari...."
A travers le passé : Charles Goutzwiller : 1898.
Boutique de perruquier : dessin de Yan Dargent 1862.
L'introduction du simultaneum
"...Le Roi très chrétien, mû peut-être plus par des principes gallicans que par des concepts religieux, souhaitait vivement que les catholiques prissent pied dans les paroisses protestantes d'une quelconque façon.
Pour celà, il ne fut pas même nécessaire de réclamer de nouvelles ordonnances royales ou des arrêts du Conseil souverain d'Alsace. Deux lettres de Louvois suffirent. La première, écrite à Versailles le 25 juillet 1684, indiquait à l'intendant de La Grange que "le roi trouve bon que l'on exécute les ordres que S. M. a donné pour la prise de possession des choeurs des églises de Germersheim, non seulement dans la Basse-Alsace, mais encore dans les lieux de la province qui sont de religion luthérienne, où il y aura 7 familles catholique".
Par ce document, le simultaneum, à l'exemple de ce qui se pratiquait depuis 1682 à Germersheim était étendu à toute la province d'Alsace et partant, aux terres que le duc de Wurtemberg y possédait.
Au XVIème siècle, le simultaneum existait déjà : en Suisse depuis 1530, en Allemagne depuis 1552. Il avait essentiellement pour but la possibilité d'exercice du culte des novateurs à côté de l'ancien culte catholique romain, et l'abbé Schaer remarque qu'il n'y a pas lieu d'employer à son endroit de qualificatif de barbare ainsi que l'a fait R. Reuss. Cependant, au XVIIème siècle, employé par la cour de France, le mot, s'il était le même, avait un caractère tout différent et recouvrait une réalité toute différente, elle aussi.
En effet, le dessein de Louis XIV n'était pas de donner aux deux cultes la possibilité de s'exercer librement dans un même lieu, mais bien de réinstaller la religion catholique, celle du souverain, dans des endroits devenus précédemment protestants..."
Les conditions posés par le pouvoir royal pour l'introduction du simultaneum furent-elles toujours respectées ? En effet il n'était pas aisé de trouver sept familles catholiques dans la même localité.
Qu'à celà ne tienne, nous dit Ch. Pfister, cette circonstance n'était point faite pour embarasser l'esprit fertile en ressources des jésuites ; ils attiraient, à prix d'argent et avec de belles promesses, des catholiques habitant des villages voisins et le tour était joué.
C'est ce qui se passa le 11 février 1686 à Hunawihr où les jésuites Lempereur et Georger s'étant rendus accompagnés du bailli de Riquewihr, Harter. Il n'y avait là que deux familles catholiques et deux femmes catholiques mariées à des protestants, ce nombre était trop faible pour autoriser la prise de possession du choeur (la nef devait rester aux anciens propriétaires). On persuada alors trois autres personnes de se convertir : un aveugle, un sourd, un paralytique. tous trois d'une grande pauvreté. On leur donna un forte somme, ils ne surent résister à l'attrait de l'argent, alors les catholiques prirent le choeur..."
La France et les possessions alsaciennes du comté de Wurtemberg-Montbéliard : Odile Mischlich.
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