Description de la randonnée |
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Départ | Chatenois : église St Georges. | |
Propriétés |
Distance : 18 km Dénivelé : 650 m Restauration :Taverne du Haut Koenigsbourg . Carte IGN : 3717 ET |
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Remarques |
Une des nombreuses manières d'accéder au site mythique du Haut-Koenigsbourg.
Il vaut mieux éviter de faire cette randonnée pendant la période touristique car le Haut-Koenigsbourg est une destination particulièrement prisée. |
Emprunter le GR5 (rectangle rouge) qui contourne le Hahnenberg .
Rejoindre le Lieu-dit Wick ou parking de la Montagne des Singes .
Poursuivre sur le GR5 et grimper au Haut-Koenigsbourg.
Redescendre vers l'Hotel Restaurant Schaflager (rectangle rouge blanc rouge).
Rejoindre la Montagne des Singes et emprunter le sentier (rectangle rouge blanc rouge) qui surplombe Kintzheim pour rejoindre Chatenois.
Le Haut-Koenigsbourg : bref historique
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"L'origine du château est contestée, mais sa haute antiquité est incontestable. Propriété d'abord des ducs de Lorraine, puis des évêques de Strasbourg, devenu à la fin du XVème siècle fief des Habsbourg d'Autriche, plusieurs fois occupé dans sa longue existence par des pillards et des bandits, le Hoh-Koenigsbourg fut probablement détruit par les Suédois.
Mais de même que l'obscurité règne sur ses origines, de même on n'est pas fixé sur la date de sa destruction. Cette forteresse immense si magnifiquement située, n'a jamais enfermé dans ses murs qu'un très petit nombre de défenseurs..."
La-Bas : Promenade en Alsace 1893 : Maurice Fauste.
"... Le 5 septembre 1089, Hugues VI, chef de la famille d'Eguisheim et meneur du parti grégorien en Alsace, fut assassiné par l'échanson de l'évêque à l'intérieur même de la résidence épiscopale de Niederhaslach. Le meurtre permit aux Hohenstaufen de prendre une longueur d'avance. Ils firent ériger en 1114, le château de Haut-Koenigsbourg et, à la même époque, accédèrent à la fonction d'avoué sur l'abbaye de Hohenbourg (Mont Sainte-Odile), un bastion éguisheimois hautement symbolique. Les Staufen s'établirent à Haguenau et firent construire, au début du XIIème siècle, la forteresse de Fleckenstein, premier grain d'un futur chapelet de châteaux forts Hohenstaufen serpentant dans la région des Vosges de Nord et du Palatinat...."
Les Habsbourgs en Alsace : Philippe Nuss : 2002.
"...Hohkoenigsbourg, dont l'origine première remonte peu-être au temps des empereurs de Souabe, et qui avait été pendant longtemps un fief lorrain, puis la propriété des évêques de Strasbourg, Hohkoenigsbourg était devenu dans la seconde moitié du quinzième siècle, le repaire de quelques chevaliers pillards, qui, de ces hauteurs, observaient les routes et descendaient en maraudeurs sur les marchands suisses ou alsaciens. Un cortège de noces, allant de Fribourg à Colmar, avait été arrêté, insulté et dépouillé par ces drôles ; quelques années plus tard (1462), des citoyens de Strasbourg, ayant subi le même sort, ce fut un cri de réprobation universelle, qui provoqua une répression vigoureuse. L'évêque et la ville de Strasbourg, l'archiduc Sigismond et le seigneur de Ribeaupierre firent canonner la forteresse, qui se rendit à discrétion et fut remise entre les mains de l'archiduc. En 1479, c'est-à-dire deux ou trois ans après les guerres de Bourgogne, l'archiduc l'inféoda aux seigneurs de Thierstein ; reconstruite à neuf vers la fin du quinzième siècle, elle passa, au seizième, à la famille historique des Sickingen ..."
Extrait de Histoire de la Basse Alsace et de la ville de Strasbourg : Louis Spach : 1858.
La reconstruction du Haut-Koenigsbourg
"La reconstruction de cette ruine n'a pas été un cas unique. D'autres souverains allemands, avant Guillaume II, s'étaient engagés dans une politique de restauration active des forteresses (Hohenschwangau, Marienburg, Wartburg) afin de documenter la continuité et la légitimité du pouvoir de l'Etat. En France, il n'en a pas été autrement lorsque l'on décida de s'engager dans la reconstitution de monuments historiques nationaux et cette notion de l'Etat était présente dans la philosophie et les techniques de restauration.
Avec le Haut-Koenigsbourg, l'empereur allemand avait voulu surpasser Napoléon III et sa reconstruction de Pierrefonds, réalisée par l'architecte Viollet-le-Duc dont la réputation s'étendait jusqu'au Reich. " En effet, il existe en France, depuis la fin de la Révolution, une sorte de tradition en matière de restauration. On regrettait les destructions iconoclastes et l'on commença à reconstruire - d'abord les cathédrales, puis les châteaux et les monuments historiques. Viollet-le-Duc et Bodo Ebhardt servaient tous deux un empereur.
L'un, Napoléon III avait choisi Pierrefonds comme lieu de villégiature pour lui-même et sa cour et fit dessiner la décoration et les meubles d'après des thèmes médiévaux mais dans le style de 1850 ; l'autre, Guillaume II, chargea son architecte allemand Bodo Ebhardt, d'acheter des armes et du mobilier datant du moyen âge pour créer un musée qui pouvait passer pour la reconstitution plausible d'une forteresse médiévale.
A la même époque, d'autres architectes défendaient une vision différente : Georg Dehio, par exemple, put imposer en 1899/1900 que le Ottheinrichbau, une partie du château de Heidelberg, soit conservé à l'état de ruine. Dehio argumenta qu'une restauration porte forcément la marque d'un style personnel qui modifie l'image de l'Histoire. Ce fut un premier pas dans l'évolution qui conduisit à la Charte de Venise sur la Restauration et la Conservation des monuments et des sites, qui ne fut signée qu'en 1964. Celle-ci stipule que la restauration doit s'arrêter " là où commence l'hypothèse " de ce qu'aurait pu être la forme originelle du monument. "
Arte : interview de Monique Fuchs conservatrice du Haut-Koenigsbourg.
Le Haut-Koenigsbourg avant la restauration : lithographie de Godefroy Engelmann 1820.
Une fontaine qui nous interpelle
Au bord du sentier qui mène à la forteresse il est une fontaine, de laquelle jaillit l'eau de la montagne, qui ne peut qu'intriguer le promeneur. De l'inscription lapidaire en allemand gothique, difficilement déchiffrable car dégradée par l'outrage des ans, on peut toutefois en déduire que cette fontaine date de 1901, année où le château était en reconstruction par Bodo Ebhardt, architecte de l'Empereur Guillaume II.
L'adage gravé dans la pierre pourrait se traduire ainsi :
"Que notre langage soit aussi pur et limpide que l'eau qui jaillit de cette source".
L'alsacien de souche qui, à cette époque, parlait encore exclusivement le dialecte en famille, ne pouvait s'empêcher de penser qu'il s'agissait d'une pique de ce monarque, destinée à inciter la population à adopter la langue pure et limpide de Goethe au détriment de ce jargon tellement corrompu par les expressions françaises.
En effet, comment ne pas se souvenir que l'annexion de l'Alsace-Lorraine après la guerre franco-allemande de 1870, était justifiée par la notion de communauté culturelle basée sur la langue, et du débat qui agitait les milieux intellectuels de l'époque autour du concept de nation.
Dans une controverse qui l'opposa au professeur et historien Théodore Mommsen, Fustel de Coulanges apporta cette précision : « ...Ce qui distingue les nations, ce n'est ni la race, ni la langue. Les hommes sentent dans leur cœur qu'ils sont un même peuple lorsqu'ils ont une communauté d'idées, d'intérêts, d'affections de souvenirs et d'espérance ... » (réponse à Mommsen : L'Alsace est-elle allemande ou française : Paris 1870).
Bruno Meistermann
Le rayonnement de l'école latine de Sélestat
"...La célèbre école littéraire produisit tant d'hommes remarquables par leurs talents et leur érudition tels que les Murrho de Colmar, les Hohn et Berler de Rouffach, les Spiegel et Hugo de Schlestadt, et surtout, parmi d'autres encore, Beatus Rhenanus, la gloire de l'école.
Fondée vers l'an 1450 par Louis Dringenberg de la Westphalie et disciple de Thomas a Kempis, elle fut dirigée successivement par Craton Hoffmann d'Udenheim, Jérôme Guebwiller de Horbourg, Vit de Rothenbourg. Sous Jean Witz ou Sapidus de Schlestadt, qui embrassa la Réforme, on vit disparaître cette riche pépinière de savants.
A elle seule, la ville de Schlestadt pourrait fournir ample matière à un De viris illustribus. Nous en avons déjà cité plusieurs ; nommons encore : le fransiscain Hugo et le trop célèbre dominicain Butzer ; et parmi les modernes : G. Hahn controversiste ; W. Zumsteeg, auteur d'un recueil de sermons, intitulé le Zodiacus coelestis ; G. Rippel, à qui l'on doit un livre sur les beautés du culte catholique ; C. Haerst, prieur du couvent de Saint-Marc et pianiste distingué ; Karcher, auteur du Rituel de Strasbourg ; le père Baegert, jésuite-missionnaire en Californie ; I. Lantz, évêque de Dora et suffragant de Strasbourg ; A. Denneville, prédicateur de controverse ; A. Jean-Jean, supérieur du séminaire et recteur de l'académie de Strasbourg, qui nous a laissé un sermonnaire très estimé..."
Dans Etat de l'église d'Alsace avant la Révolution : M. Schickelé 1877.
Beatus Rhenanus : Bibliothèque Humaniste de Sélestat.
Procès de sorcellerie à Schlestadt
"...Depuis le 1er Juin 1629 jusqu'au 12 février 1642, quatre-vingt-onze personnes parurent devant le tribunal institué pour les maléfices (Malefitz Gericht), et pas une ne parvint à écarter de sa tête la condamnation. Le corps entier du magistrat, c'est-à-dire les sept bourguemeistre composaient cet aéropage. L'information avait lieu dans la tour des sorciers et se bornait aux interrogatoires des accusés.
Puis les juges se retiraient à l'hôtel-de-ville et rendaient leur sentence. Le prévôt, assisté des bourguemeistres et du greffier, revenait donner lecture de la décision aux condamnés. Un protocole spécial enregistre ces arrêts de sang, précédés du texte des interrogatoires. Il n'était donné à aucun pouvoir supérieur d'en empêcher l'exécution.
La clameur publique, cet organe trompeur des passions populaires, venait de dénoncer à la vigilance du prévôt une femme du premier rang. Ni sa jeunesse, ni sa beauté, ni même les antécédents d'une vie pure, ne trouvèrent grâce devant l'inflexible brutalité des examinateurs du malefitz-gericht et ne purent la soustraire à l'ignonimie des supplices précurseurs du jugement. En vain sa famille se joint à elle pour protester contre l'accusation, en vain leurs plaintes montent jusqu'à l'empereur, en vain le magistrat est pris à partie ; telle était la force invétérée du préjugé, que le dépositaire de la puissance impériale ne se crut pas le droit de faire descendre sur la victime le bienfait de son intervention. Il borna sa faveur à renvoyer l'affaire à l'examen de l'évêque de Spire. ce fut sérieusement qu'un prélat, un prince de l'église, subjugué lui-même par une superstition impardonnable à l'ignorance populaire, accepta la mission de rechercher l'existence d'un crime de sorcellerie, et fit procéder avec une conscience digne de la cause la plus grave, à d'amples informations.
Comment la vérité pouvait-elle se faire jour et parvenir à des juges frappés d'un semblable vertige ? Aussi, la malheureuse, objet de ces investigations, après avoir été rendue à la liberté, sous l'égide d'un riche cautionnement, épuisa-t-elle ses forces dans une lutte qui tuait son honneur, et mourut-elle avant la fin de cette scandaleuse procédure.
C'est l'unique exemple où le pouvoir du magistrat reçut une atteinte à son absolutisme.
Combien de victimes, dont les noms ont été perdus dans l'oubli, furent réduites à confier leurs plaintes aux murs de leur cachot, témoins silencieux de leur agonie, et succombèrent, avant le jugement, dans les horreurs des torures.
Voici la liste de celles qui subirent leur sentence. Bien des familles y reconnaîtrons encore en frémissant quelques-uns de leurs ancêtres :
1. Apolinie, veuve de Nicolas Kremer, brûlée le 1er juin 1630
2. Jacques Helgenstein, attaché par le col à la queue d'un cheval, traîné ainsi au gibet à travers les rues, jeté en lambeaux sur le bûcher et dévoré par les flammes le 1er juin 1630...
91. Anne, femme de Mathias Armbruster, justiciée comme les autres ; le 12 février 1642."
Dans Notices Historiques sur l'Alsace et principalement sur la ville de Schlestadt : A. Dorlan, avocat et ancien bibliothécaire : 1845.